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"Marche des libertés" : "On voit bien qu'il y a une ambiance d'extrême droite", dénonce le président de SOS Racisme

Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, s'inquiète d'un glissement vers l'extrême-droite alors que à l'occasion de la "marche des libertés", organisée samedi et à laquelle participeront des partis politiques, des ONG, des syndicats de travailleurs et d'étudiants, de magistrats et d'associations.

Article rédigé par franceinfo
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Dominique Sopo, le 4 septembre 2020, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

"On voit bien qu'il y a depuis maintenant plusieurs années, et singulièrement depuis quelques mois, avec toute une série de lois, notamment la loi sur le séparatisme, des attaques contre la liberté au nom prétendument de la sécurité", critique sur franceinfo le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, à l'occasion de la "marche des libertés". Sont prévues des manifestations et des rassemblements pour dénoncer à la fois la montée de l'extrême droite, et des lois jugées liberticides. Des partis politiques, ONG, syndicats de travailleurs, d'étudiants, de magistrats et associations comptent participer.

franceinfo : Pourquoi vous semble-t-il important d'organiser cette "marche des libertés" ?

Dominique Sopo : C'est important, d'abord parce que ces thématiques doivent nous mobiliser. En tant qu'association, on voit que, bientôt peut-être, il y aura la nécessité d'un "engagement républicain" qu'il faudrait signer, et des possibilités nouvelles de dissoudre les associations, on voit bien que la liberté associative se trouve attaquée sous une ambiance de suspicion. De la même manière, on voit bien qu'il y a une ambiance d'extrême droite, qui se traduit d'ailleurs électoralement par des craintes de basculement de certaines régions, par des scores annoncés de Marine Le Pen extrêmement importants et généralement, par une ambiance dans le débat public qui est assez étouffante, oppressante. Lorsque l'on est confronté à des dérives de cette nature, il faut aussi rappeler d'autres valeurs, rappeler la gravité de ces dérives.

Des partis politiques, ONG, syndicats de travailleurs, d'étudiants, de magistrats et associations comptent participer, avec des revendications très hétéroclites. Le message sera-t-il audible ?

Il y a une cohérence, justement autour des thèmes de la liberté et de la question de l'extrême droite. Manifester, ça sert surtout à réaffirmer et à rappeler dans le débat public qu'il y a des dynamiques dont il faut se méfier, qu'il ne faut pas rester tétanisé, qu'il ne faut pas rester saisi par des dynamiques que nous jugeons extrêmement dangereuses. Une manifestation, c'est aussi une tribune pour rappeler à l'opinion publique ce que sont ces dynamiques, et ce que nous avons à dire collectivement en tant qu'organisations justement diverses et variées.

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, revendique sa volonté que le Rassemblement national n'emporte pas de régions aux prochaines élections. C'est une stratégie efficace ?

La stratégie de M. Darmanin ne me semble pas très au point. Lorsqu'on est ministre de l'Intérieur et que l'on participe à une manifestation de policiers en colère qui dénoncent le législatif devant l'Assemblée nationale [35 000 policiers le 19 mai], je trouve que là, on franchit des frontières symboliques. Il y avait aussi des personnes de gauche, du PS, dans ce rassemblement, mais je les ai d'ailleurs critiqués pour cela parce qu'il y avait effectivement des responsables politiques qui n'avaient pas à être dans cette manifestation. Pas plus qu'un membre de l'exécutif. Je pense qu'il faut retrouver nos boussoles de clarté par rapport aux dynamiques en cours, ne pas courir après des thématiques posées de façon extrêmement perverse et extrêmement tordue. Il n'y a rien à gagner à courir derrière des rassemblements, des dynamiques qui pour moi sont gangrénés par des philosophies desquelles il n'y a rien à tirer lorsqu'on prétend les dénoncer.

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