En Chine, 100 millions de chrétiens se préparent à célébrer Noël
Longtemps réprimée par le pouvoir communiste, la communauté chrétienne de Chine est désormais plus importante que le parti unique. Ce nouveau statut pousse les autorités du pays et le Pape à reprendre un dialogue longtemps rompu.
Quelques heures avant l'Europe, près de 100 millions de chrétiens chinois vont fêter Noël. Avec une croissance estimée à 10% par an, ils seront rejoints par d'autres fidèles qui profiteront de l'occasion pour faire leur baptême. Depuis la mort du dirigeant Mao Zedong en 1976, le développement du christianisme (catholiques et protestants confondus) a connu un nouvel essor.
Sous le régime autoritaire du Grand Timonier, le million de chrétiens recensés à la fin des années 1940 ne pouvaient plus exprimer leur foi. Les églises étaient saccagées par les gardes rouges. Lors de la révolution culturelle lancée en 1966, la religion chrétienne a même été interdite en Chine avant d'être de nouveau autorisée à partir de 1978.
Des messes en latin et en mandarin
Maria a connu cette époque où ses croyances étaient réprimées. Cette catholique de Pékin assiste tous les samedis soir à la messe, dite en latin et en mandarin. Chaque semaine, elle se réjouit de l'engouement suscité par l'église. "Maintenant on a la liberté de croire. Les jeunes commencent à retourner vers les religions. À la messe de Noël, 80 % des gens qui viennent sont des jeunes." Devant cette popularité, Maria espère que le pape François se déplacera en Chine : "Je pense que ce jour arrivera ! Mais cela dépend aussi de la décision du gouvernement chinois."
Dans notre église, chaque année, il y a 1 000 à 2 000 nouveaux catholiques. Ce sont des gens qui ont besoin de spiritualité.
MariaUne fidèle catholique de Pékin
Officiellement, la Chine et le Vatican n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951, mais le pape François veut rétablir le lien avec les catholiques chinois. Ces derniers sont divisés entre ceux qui obéissent au clergé ordonné par le parti communiste, et ceux qui ont choisi le clergé nommé par Rome qui n'est pas reconnu en Chine.
L'Etat veut garder le contrôle sur le clergé
Un accord est en cours de négociation, le Saint-Siège devrait s'inspirer de l'arrangement obtenu avec le Vietnam en 2010. "La relation avec le gouvernement du Vietnam est devenue une référence pour la Chine, affirme Wang Yiwei, chercheur à l'université du Peuple. Au Vietnam , le Vatican nomme les évêques en apparence. En réalité, ils ont été préalablement choisis par le gouvernement. Ce sera probablement ce système qui sera mis en place en Chine."
À l'échelle locale, des heurts entre forces de l'ordre et chrétiens surviennent toujours. Derrière ce compromis, le pays tient à garantir sa souveraineté vis-à-vis de la religion. La progression continue du christianisme inquiète le régime qui souhaite garder le contrôle du clergé alors que la Chine pourrait devenir, d'ici à 2030, la première congrégation chrétienne de la planète.
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