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Indonésie : les femmes bourreaux d'Aceh

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6media INDONESIE FEMMES BOURREAUX-LABIGNE
6media INDONESIE FEMMES BOURREAUX-LABIGNE 6media INDONESIE FEMMES BOURREAUX-LABIGNE (franceinfo)
Article rédigé par franceinfo
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Aceh, à la pointe de Sumatra, est la seule province d'Indonésie qui applique la loi islamique de la charia. La flagellation publique est une punition courante, qui désormais peut être infligée par les femmes.

À Aceh (Indonésie), où le voile est obligatoire pour les femmes, l'adultère, les relations sexuelles hors mariage ou avec une personne du même sexe sont punies. La consommation d'alcool ou le jeu sont interdits. Le cinéma est banni aussi au nom  de la charia. En cas de transgression, c'est 10 coups pour un geste d'affection en public, 40 pour avoir bu de l'alcool, plus de 100 en cas de relation homosexuelle ou avec un mineur.

Jusqu'à présent, on pouvait régulièrement voir des bourreaux hommes frapper des femmes placées sur des estrades devant des foules bruyantes prenant photos et vidéos avec leur smartphone. Ces dernières années, le nombre de femmes condamnées pour crimes religieux a augmenté et Aceh a décidé de créer une brigade féminine de bourreaux, comme en Malaisie voisine. Aujourd'hui, elles sont huit dédiées à la flagellation, qui opèrent en complément d'une dizaine d'hommes.

"La honte" avant tout

Outre les blessures que la flagellation entraîne, ses victimes sont marquées du sceau de l'humiliation qui force beaucoup d'entre elles à quitter la région par honte ou parce que les clients désertent leur magasin. Les autorités d'Aceh, elles, se disent "beaucoup plus clémentes" qu'en Arabie saoudite ou dans la quinzaine de pays musulmans où la flagellation est appliquée. "Notre but n'est pas de blesser les gens en les flagellant", affirme Safriadi, le chef de la police de la charia de Banda Aceh. "Le plus important c'est la honte infligée aux condamnés et aux spectateurs".

Amnesty International demande régulièrement l'abandon de ce type de punition. Mais cette pratique est largement soutenue par la population de la province d'Aceh dont les cinq millions d'habitants sont à 98% musulmans. L'année dernière, officiellement, 43 hommes et 42 femmes ont été condamnés à la flagellation pour crimes religieux dans la seule ville de Banda Aceh.

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