"C’est une décision complètement discriminatoire" : un médecin stagiaire renvoyé à cause d'une barbe trop longue
L'avocate du médecin stagiaire dénonce à franceinfo une décision "scandaleuse" et "hallucinante".
La décision date du 19 décembre. La cour administrative d'appel de Versailles a débouté un médecin stagiaire égyptien, renvoyé par le centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La cause ? En octobre 2013, durant son stage de spécialisation d'un an en chirurgie viscérale, il avait refusé de tailler sa barbe "imposante", jugée par l'hôpital comme "la manifestation ostentatoire d'une appartenance religieuse", rapporte la décision de justice. Dans ce même texte, la cour a considéré que si le port d'une barbe, "même longue", ne saurait "à lui seul" constituer un signe d'appartenance religieuse, les "circonstances" donnaient raison à l'hôpital.
L'homme, lui, s'était "borné à invoquer le respect de sa vie privée, sans pour autant nier que son apparence physique était de nature à manifester ostensiblement un engagement religieux", indique encore la décision. "Dans ces conditions", la cour administrative d'appel y a vu un manquement à ses obligations de respect de la laïcité et du principe de neutralité du service public, même si le port de la barbe "ne s'est accompagné d'aucun acte de prosélytisme". Elle a enfin estimé que la sanction, à savoir la résiliation de la convention de stage du médecin, n'était "pas disproportionnée", confirmant le jugement rendu en première instance par le tribunal administratif de Montreuil.
Une décision "scandaleuse" pour l'avocate du stagiaire
Pour Nawel Gafsia, l'avocate du médecin stagiaire, cette décision est "scandaleuse" et "hallucinante". "C’est une interprétation totalement subjective du caractère dit 'religieux' de la barbe", s'insurge-t-elle auprès de franceinfo. Nawel Gafsia dénonce un "raisonnement qui ne tient pas la route" : "Ils se sont basés sur son refus [de tailler sa barbe] au motif qu'il s'agissait de sa vie privée. Pour eux, il aurait fallu qu’il dise 'Non, ce n’est pas religieux'."
Il s’appelle Mohamed. Il s'appellerait Lionel Dupont, il aurait une barbe encore plus imposante, ça ne poserait pas de problème.
Nawel Gafsiaà franceinfo
Pour l'avocate, les motivations de cette décision sont claires : "C’est le musulman qui est suspect par nature. Pour moi, c’est une décision complètement discriminatoire, raciste", dénonce-t-elle. Elle prévoit un pourvoi devant le Conseil d'Etat. Contacté par franceinfo, le centre hospitalier de Saint-Denis n'a pas répondu à nos sollicitations.
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