A son procès, l'ex-prêtre Bernard Preynat révèle avoir lui-même été abusé étant enfant
Bernard Preynat n'avait jamais évoqué ces faits avant d'être interrogé par une inspectrice de police début 2016.
Après les aveux glaçants de Bernard Preynat, la cour s'est penchée, mercredi 15 janvier, sur la personnalité de l'ex-prêtre accusé d'avoir agressé sexuellement des jeunes scouts. A la barre, l'ancien curé de Sainte-Foy-les-Lyon (Rhône) a indiqué avoir été, dans sa jeunesse, victime d'attouchements. Il a assuré en avoir fait état dans une lettre adressée à l'administrateur apostolique Michel Dubost, qui remplace le cardinal Philippe Barbarin dans la gestion du diocèse de Lyon depuis sa condamnation en mars pour ses silences sur le cas Preynat.
Dans ce courrier, écrit l'été dernier au moment de son procès apostolique, à l'issue duquel il a été expulsé de l'Eglise, Bernard Preynat raconte avoir été "victime d'un prêtre au séminaire, d'un moniteur qui [le] caressait sous la douche". Il y explique avoir été successivement agressé sexuellement par un sacristain de sa paroisse, un séminariste et un prêtre au petit séminaire entre sa sixième et sa quatrième.
"Il ne m'en avait jamais vraiment parlé"
Interrogé par l'AFP peu après en marge de l'audience, son conseil Frédéric Doyez a confié avoir été pris de court par ces révélations. "Il ne m'en avait jamais vraiment parlé. Quand on subit des agressions de ce type, il y a une honte", a déclaré l'avocat. L'ancien prête n’avait d'ailleurs pas non plus parlé à l’expert des agressions sexuelles qu’il dit avoir subies lui-même au sein de l’Eglise.
#Preynat L’ancien prêtre informe aussi le tribunal de sa démarche toute récente: il a écrit au cardinal Dubost pour lui exposer son parcours et l’agression sexuelle qu’il dit avoir subie quand il était enfant de chœur et le peu d’aide reçue par rapport à cela
— Catherine Fournier (@cathfournier) January 15, 2020
#Preynat n’avait pas parlé à l’expert des agressions sexuelles qu’il dit avoir subies lui même au sein de l’Eglise. Cela peut, selon lui, avoir renforcé sa construction perverse
— Catherine Fournier (@cathfournier) January 15, 2020
Bernard Preynat a enfin précisé devant les juges qu'il n'avait jamais évoqué ces faits avant d'être interrogé par une inspectrice de police début 2016.
Il pointe du doigt sa hiérarchie
L'ex-prêtre, qui encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement, a aussi évoqué la responsabilité de sa hiérarchie qui, plusieurs fois alertée de ses pulsions, n'a pas exigé qu'il se fasse soigner. "On aurait dû m'aider... On m'a laissé devenir prêtre", explique-t-il, mentionnant une thérapie infructueuse suivie en 1967 et 1968. De même, il raconte avoir présenté "comme un péché" certains de ses actes et pulsions à son confesseur. Mais "le prêtre me donnait des encouragements pour que je ne recommence pas, et l'absolution".
Dix victimes, mineures au moment des faits, ont été entendues mardi et mercredi devant le tribunal, qui a débuté mercredi soir l'audition d'un expert psychologue chargé de sonder la personnalité de l'ancien curé de 74 ans. Plusieurs de ces victimes ont protesté contre les tentatives de minimisation des faits de Preynat, qui refuse notamment de reconnaître des masturbations forcées.
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