"C'est bien qu'il tourne la page, que la ville tourne la page" : le cardinal Barbarin a célébré sa dernière messe à Lyon dimanche
Philippe Barbarin avait remis sa démission au Pape, à la suite des accusations de non-dénonciation des agressions sexuelles commises par le père Preynat dans son diocèse.
Il a célébré sa toute dernière messe à la cathédrale Saint Jean : le cardinal Barbarin a fait ses adieux aux fidèles lyonnais, dimanche 28 juin. Après être resté 17 ans archevêque de l’un des principaux diocèses français, il s'en va. Il avait remis sa démission au pape, à la suite de l’affaire Preynat, un dossier dans lequel il a été accusé de n'avoir pas dénoncé les agissements d'un ancien prêtre de son diocèse, Bernard Preynat, lui-même condamné pour agressions sexuelles sur mineurs. Philippe Barbarin a été condamné en 2019, puis relaxé en appel en janvier dernier.
La messe d'adieu s'est déroulée dans une cathédrale à moitié remplie : une chaise sur deux est occupée, pour des raisons sanitaires liées à l'épidémie de coronavirus. Philippe Barbarin, ému, livre une longue homélie. "Aujourd'hui, après quatre années difficiles que j'ai vécues, j'ai remercié beaucoup de monde évidemment", confie-t-il. S'il part, c'est bien sûr suite à l'affaire Preynat. Les plus proches le disent, il faut tourner la page.
De toute façon, il voulait partir.
François Morinière, un ami de Philippe Barbarinà franceinfo
"Il n'y a pas eu de débat cet hiver, quand on espérait la relaxe. Il y a eu des divisions, quand même", explique François Morinière, un ami du cardinal, président des entretiens de Valpré, des rencontres économiques à Lyon. Ce que disait le cardinal, c'est qu'il ne pouvait pas, à chaque fois qu'il se trouvait dans une église ou face à des gens qu'il rencontrait, répondre à ceux qui disaient qu'il avait été formidable et répondre à ceux qui disaient qu'il avait été une ordure. C'est aussi pour ça que c'est bien qu'il tourne la page, que Lyon tourne la page."
Un personnage aimé et détesté
Sur le parvis de la cathédrale, des Lyonnais sont outrés et tiennent à le dire. Ils ne regretteront pas l'archevêque Barbarin. "Je trouve ça absolument scandaleux qu'on fasse une cérémonie pour monseigneur Barbarin, qui n'a pas dénoncé, qui a laissé ce prêtre avec des enfants, estime cette dame. C'est quand même ignoble. J'habite le vieux Lyon."
On connaît tous les histoires de Lyon et vraiment Barbarin, il n'est pas aimé, je peux vous le dire.
Une Lyonnaiseà franceinfo
Il est compliqué de résumer le passage de Philippe Barbarin à Lyon à l'affaire Preynat. Le cardinal a aussi redonné un coup de jeune au diocèse, veulent argumenter ceux qui l'apprécient beaucoup pour son dynamisme. "C'est un homme qui connaît par cœur la parole de Dieu, comme Saint-Irénée. Il jongle avec tous les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament, affirme Étienne Piquet-Gauthier, qui préside la fondation Saint-Irénée, importante institution catholique de la ville. Quand il parle, tout est clair, alors que quand on essaie de lire, c'est un peu compliqué. Avant, on donnait des cours de 'caté' dans des petites salles un peu minables, avec une toile cirée. Maintenant tout est bien équipé, tout est propre. C'est un pasteur qui a aimé aller à la rencontre."
C'est vrai que c'est quelqu'un qui aura marqué le diocèse, parce qu'il a réformé les paroisses.
Étienne Piquet-Gauthier, président de la fondation Saint-Irénéeà franceinfo
Philippe Barbarin, 69 ans, part pour Rennes, où il sera aumônier. Le pape semble décidé à lui confier quelques missions à l'étranger de temps en temps, mais ne l'a pas appelé au Vatican. Son successeur à Lyon sera nommé dans les prochaines semaines.
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