Ce qu'il faut retenir de l'interview du pape François à "La Croix"
Le pape a donné une interview dans lequel il revient sur les affaires de pédophilie
Le pape François a accordé une interview à La Croix, publiée dans l'édition du quotidien datée du mardi 17 mai. Le souverain pontife y évoque son soutien au cardinal Barbarin, la situation des migrants, la laïcité à la française et sa venue en France. Francetv info et le correspondant de France 2 à Rome, François Beaudonnet, ont sélectionné les réponses les plus fortes du chef de l'Eglise catholique.
Sur la pédophilie et le cardinal Barbarin
Le pape François condamne tout d'abord fermement tout acte pédophile perpétré au sein de l'Eglise catholique, en affirmant qu'il ne peut y avoir de prescription dans ce domaine. "Par ces abus, un prêtre qui a vocation de conduire vers Dieu un enfant le détruit. Il dissémine le mal, le ressentiment, la douleur", estime le pape.
Comme avait dit Benoît XVI, la tolérance doit être de zéro.
Il prend ensuite la défense du cardinal Barbarin sur la gestion des cas de pédophilie dans le diocèse de Lyon. "D’après les éléments dont je dispose, je crois qu'à Lyon, le cardinal Barbarin a pris les mesures qui s’imposaient, qu’il a bien pris les choses en main. C’est un courageux, un créatif, un missionnaire. Nous devons maintenant attendre la suite de la procédure devant la justice civile", détaille le pape.
Il exclut toutefois une démission du cardinal Barbarin. "Ce serait un contresens, une imprudence. On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable."
Sur les migrants
Dans son entretien à La Croix, le chef de l'Eglise revient également sur l'accueil fait aux migrants, l'un de ses sujets de prédilection. Il effectue notamment un lien avec les attentats qui ont frappé la Belgique en mars : "Le pire accueil est de les ghettoïser alors qu’il faut au contraire les intégrer. A Bruxelles, les terroristes étaient des Belges, enfants de migrants, mais ils venaient d’un ghetto."
Il revient ensuite sur l'actualité du Royaume-Uni avec l'élection à la mairie de Londres de Sadiq Khan, un fils de Pakistanais musulman : "A Londres, le nouveau maire a prêté serment dans une cathédrale et sera sans doute reçu par la reine. Cela montre pour l’Europe l’importance de retrouver sa capacité d’intégrer."
Sur la peur de l'islam
"Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui une peur de l’islam, en tant que tel, mais de Daech et de sa guerre de conquête, tirée en partie de l’islam", déclare également le pape François. Il rappelle la possibilité d'une coexistence pacifique : "Sur le fond, la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible. Je viens d’un pays où ils cohabitent en bonne familiarité."
Sur la France et sa laïcité
Le pape François, qui estime qu'un Etat "doit être laïque", explique qu'une "solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant". Pour lui, "si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire".
On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture. La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière.
Sur son prochain voyage en France
Interrogé sur un éventuel voyage en France, souvent évoqué mais toujours reporté, le pape explique à La Croix avoir reçu "il y a peu" une invitation en ce sens de la part de François Hollande. "Je ne sais pas quand aura lieu ce voyage car l’année prochaine est électorale en France et, en général, la pratique du Saint-Siège est de ne pas accomplir un tel déplacement en cette période", précise-t-il poliment.
Ce qui ne l'empêche pas d'avoir déjà une petite idée en tête sur l'itinéraire à suivre lorsque les circonstances seront bonnes : parmi les "hypothèses" sur la table, le pape François évoque "un passage à Paris et dans sa banlieue, à Lourdes et par une ville où aucun pape ne s’est rendu, Marseille par exemple, qui représente une porte ouverte sur le monde".
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