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Pédophilie dans l'Église : "Il est très important que nous puissions retrouver l'estime des uns et des autres"

"Notre volonté est que les victimes osent parler", assure monseigneur Georges Pontier, l'archevêque de Marseille, alors que la Conférence des évêques de France accueille samedi des victimes de pédophilie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Monseigneur Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, le 10 octobre 2016. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Il est très important" pour les victimes d'actes de pédophilie "que nous puissions se parler les yeux dans les yeux et retrouver l'estime des uns et des autres", a affirmé samedi 3 novembre sur franceinfo monseigneur Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France qui se réunit à partir de ce samedi à Lourdes. L'assemblée va accueillir pour la première fois des victimes de pédophilie dans l'Église, pour entendre leurs témoignages autour de groupes de travail.

franceinfo : La volonté de l'Église de France est-elle d'aider les victimes à témoigner et à ne plus couvrir les agissements de certains ?

Georges PontierC'est notre volonté, notre perspective et ce sont les moyens que nous employons pour arriver à cet objectif : que les victimes osent parler. Mais il ne suffit pas de leur dire d'oser parler, parce que c'est trop dur encore. On se rend compte que c'est après de nombreuses années que la blessure se referme un peu et permet de parler. Mais c'est beaucoup plus profond qu'on avait imaginé et que la société avait imaginé.

Est-ce que des décisions seront prises lors de cette assemblée ?

Je l'espère. Je ne peux pas vous dire lesquelles. Mais j'espère qu'on va pouvoir prendre des décisions et poursuivre nos orientations et notre action. On se réjouit de cette étape. Évidemment, il aurait mieux valu ne pas avoir à la vivre, s'il n'y avait eu aucune victime. Mais dans la situation où nous sommes, il est très important pour elles que nous puissions se parler les yeux dans les yeux et retrouver l'estime des uns et des autres.

Pourquoi est-ce que la Conférence des évêques de France n'est pas favorable à la tenue d'une commission parlementaire sur la pédophilie dans l'Église ?

On n'y était pas favorable, parce qu'elle prenait comme périmètre uniquement l'Église catholique. Il nous semble important - on n'est pas contre et on aurait ouvert nos archives - que la société et l'État regardent la cause des enfants, regardent les méfaits commis sur les enfants dans toute la société et pas simplement dans la vie de l'Église. Nous savons que la plupart des méfaits ne sont pas commis par le monde religieux, mais que cela déborde largement. Nous ne pensions pas que c'était équitable comme décision. Mais comme la France a fait cette année tout un effort contre la violence faite aux femmes, on pourrait comprendre qu'on prenne une année sur la violence faite aux enfants et, à ce moment-là, qu'il y ait des enquêtes sur tout le périmètre national et nous y serons tout à fait favorables.

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