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"Tout ce qui est fait pour atténuer la douleur est bienvenue" : en Belgique, l'Eglise indemnise les victimes d'abus sexuels

Réunis à Lourdes, les évêques français devraient acter le principe d’un geste de reconnaissance financier en faveur des victimes identifiées abusées. Un dispositif qui existe déjà en Belgique. 

Article rédigé par franceinfo - Angélique Bouin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une réunion sur le thème des abus sexuels dans l'Eglise, organisée le 2 mai 2019 à Lomme (Hauts-de-France) (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Ce serait inédit en France. Les évêques français, réunis à Lourdes samedi 9 novembre, devraient acter le principe d’un geste de reconnaissance financier en faveur des victimes identifiées abusées par des membres du clergé. Un tel dispositif a déjà été mis en place en Belgique après un scandale qui avait éclaboussé l’Eglise en 2010. Il prévoit une indemnisation pour toutes les victimes d'abus sexuels commis par des membres du clergé, à condition que les faits soient prescrits et ne relèvent plus de la justice. 

L'exemple d'Éva

À 84 ans, Éva est la plus ancienne victime d’abus connue dans l’histoire de l’Eglise belge. À l’âge de sept ans, après la mort de sa mère, elle est placée dans un orphelinat catholique. Adolescente, elle est abusée par un prêtre qu’elle dénonce  alors à la police. Il sera écarté par le clergé mais jamais inquiété par la justice dénonce-t-elle encore près de 70 ans après les faits. "Pour moi, c’était des crimes !  On baignait dans la religion, c’était sacré. Ce prêtre aurait dû me protéger", dit-elle. 

En 2010, l’ancien évêque de Bruges est accusé d’abus sexuel sur un enfant. La parole se libère partout dans le pays. Eva témoigne alors auprès de la cellule d’écoute mise en place dans son diocèse.  Elle touchera une compensation financière de 25 000 euros. "Beaucoup de victimes ne demandaient pas de réparations financières, explique Tommy Scholtès, le porte-parole des évêques de Belgique, la chose la plus importante était d’être reçu et d’être reconnu dans leur statut de victimes." Il admet volontiers que la partie financière n’est pas un véritable dédommagement, mais quelque chose de "moral", qui permet néanmoins aussi de faire face pour certains, à des frais considérables de médecins, de psychiatres ou d’avocats. "Tout ce qui est fait pour atténuer la douleur est bienvenue, mais la douleur n’est pas supprimée pour autant", reconnaît-il.  

5 000 à 25 000 euros selon les cas

Depuis 2010, un peu plus de 1 000 victimes ont été recensées en Belgique. 850 d’entre elles ont été indemnisées via deux dispositifs : les cellules d’écoutes diocésaines et la commission d’arbitrage indépendante de l’Église dans laquelle siègent des magistrats à la retraite.

Chacune a touché entre 5 000 et 25 000 euros. Ces sommes ont été payées par le clergé mais aussi les agresseurs : "Quand ils sont encore en vie, on les invite fermement à participer", explique le porte-parole des évêques.

L'Eglise belge et les victimes d'abus sexuels : reportage d'Angélique Bouin

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