Le Congrès juif mondial dénonce un rituel de Pâques "ouvertement antisémite" dans une ville de Pologne

Le Congrès juif mondial a condamné une ville polonaise dont les habitants ont repris, vendredi 19 avril, un ancien rite de Pâques en brûlant un mannequin censé représenter Judas, "fabriqué pour ressembler à la figure stéréotypée du juif". Des médias polonais ont diffusé des photos et des vidéos montrant des habitants de la petite ville de Pruchnik, dont des enfants, en train de battre à coups de bâton un mannequin doté de papillotes et d'un gros nez. Ils l'ont ensuite décapité avant d'y mettre le feu et de le jeter dans une rivière, selon ces médias.

A Polish town decided this year to revive an old Easter tradition of creating an effigy of Judas 'with sidelocks and a large nose, immediately resembling a stereotypical image of a Jew', whom they hanged, beat, beheaded, set on fire then threw in a river https://t.co/NRVvUPaCk0 pic.twitter.com/QkIhIXuoGS

— Notes from Poland (@notesfrompoland) April 21, 2019

Le vice-président du Congrès juif mondial, Robert Singer, a exprimé son "dégoût et [son] indignation devant cette nouvelle manifestation ouvertement antisémite", selon un communiqué diffusé dimanche. "Les juifs sont profondément inquiets de cet atroce renouveau de l'antisémitisme moyenâgeux qui a conduit à une violence et des souffrances inimaginables", a-t-il ajouté.

Un rituel abandonné depuis des décennies

Connu sous le nom de "jugement de Judas", ce rituel pascal remonte au XVIIIe siècle et a été pratiqué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Il a depuis été abandonné, sauf dans quelques villages. Selon le portail d'information polonais Oko.press, il n'était plus pratiqué à Pruchnik, qui compte quelque 10 000 habitants.

Des inquiétudes se font jour sur un regain de l'antisémitisme en Pologne, qui a connu récemment de fortes tensions avec Israël. Ulcéré par des propos du chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, sur "l'antisémitisme que les Polonais tètent avec le lait de leur mère", le pays a boycotté en février un sommet de quatre pays est-européens prévu à Jérusalem et finalement annulé. Une vague de commentaires violents et antisémites avait alors envahi les réseaux sociaux. L'an dernier, une crise a aussi opposé les deux pays après l'adoption d'une loi polonaise controversée, finalement amendée, perçue en Israël et aux Etats-Unis comme une tentative implicite d'empêcher les survivants de la Shoah d'évoquer les crimes des Polonais à leur égard.