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Présidentielle 2022 : des fidèles hésitants après l'absence de consigne de vote de l'Église

Un appel à voter "en conscience", mais pas plus. Comme en 2017, la Conférence des évêques de France ne donne pas d'indication précise pour le second tour de la présidentielle. Une absence de consigne diversement appréciée par les fidèles.

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un fidèle catholique pendant une prière de groupe à La Baule, le 23 février 2022. Image d'illustration. (LOIC VENANCE / AFP)

À la sortie de l'office de midi de l'Église Saint-Léon, dans le 15e arrondissement de Paris, les fidèles catholiques ne savent pas tous encore pour qui ils vont voter au second tour de l'élection présidentielle. Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ? Comme en 2017, l'épiscopat ne donne pas d'indication précise pour le second tour de la présidentielle. Un appel à voter "en conscience", mais pas plus.

La Conférence des évêques de France se contente, mercredi 13 avril, d'inviter les fidèles à voter "à la lumière de l'Évangile". Mais Philippine aurait aimé avoir des indications plus précises des évêques de France et de son président. "Je ne poserai pas de jugement de valeur en disant que c'est en manque de courage, non", explique la retraitée. Mais elle ajoute que les fidèles catholiques sont "très à l'écoute de ce que dit Monseigneur de Moulins-Beaufort et les autres évêques, et on a besoin de positions claires".

Des paroissiens partagés

Mais devant l'église Saint-Léon, cette absence de consigne convient bien à la plupart des fidèles de cette paroisse. Pour eux, heureusement que les évêques ne vont pas plus loin. Emmanuel Schwab est le curé de la paroisse : "Je n'ai pas besoin d'un papa qui me dit ce qu'il faut que je fasse. J'ai toute la tradition de l'Église qui m'éclaire, donc ça me suffit pour savoir ce que je veux faire" résume-t-il.

Pour beaucoup de ces paroissiens qui boivent un verre et partagent une brioche de Pâques à la sortie de l'église, ce ne sera pas un vote Emmanuel Macron. La PMA pour toutes est mal passée, tout comme l'annonce d'une réforme sur le droit à mourir dans la dignité. "Pour moi, sur les grandes questions sociétales, sa réponse ne me satisfait pas", explique France, 54 ans, qui travaille pour la paroisse.

"On entend déjà parler de l'euthanasie, personnellement je suis totalement contre. Il y a la question du prolongement de l'avortement. Pour moi ça ne sera pas un vote Macron, ça c'est sûr."

France

à franceinfo

Un vote Emmanuel Macron qui ne plaît pas non plus à Jean, diacre de 75 ans, pas plus d'ailleurs qu'un vote Marine Le Pen. "Une France recroquevillée sur elle-même me fait peur, la crainte de l'étranger et de l'immigration me fait peur aussi. Pour l'instant je ne sais pas encore ce que je vais faire", résume-t-il. Beaucoup se disent tentés par le vote blanc. Mais plusieurs, comme France, hésitent aussi à se tourner vers le bulletin Marine Le Pen. "L'accueil des migrants, ça fait partie de notre charité chrétienne et il est important. Après, dans quelles conditions on les accueille ? Si c'est pour qu'ils vivent comme des misérables..."

Selon un sondage Ifop pour le journal La Croix paru lundi, les catholiques ont plus voté à l'extrême droite que l'ensemble du pays. Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan récoltant 40% de leurs suffrages.

Pourquoi l'épiscopat n'en dit pas plus ?

"Il est important pour la Conférence des évêques de ne pas chercher à cléricaliser le vote, indique Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Nous pensons que les citoyens, catholiques ou non, sont en mesure de faire un choix en conscience." 

En revanche,"nous rappelons des points d'attention éthiques qui nous semblent importants à avoir en tête", précise l'évêque de Nanterre. Parmi ces points : "le respect inconditionnel de toute vie humaine, vie débutante et finissante, la question de l'euthanasie", "l'intégration des personnes handicapées", "le souci écologique" ou encore "l'accueil des migrants, des réfugiés en particulier".

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