Ecole à domicile "strictement limitée", formation des imams... Ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron sur le "séparatisme islamiste"
Le chef de l'Etat, qui a reconnu que la France avait elle-même construit son "propre séparatisme", a notamment annoncé sa volonté de "libérer l'islam de France des influences étrangères".
Neutralité renforcée dans les services publics, charte de la laïcité pour les associations, instruction à domicile strictement limitée... Emmanuel Macron a appelé, vendredi 2 octobre, à "s'attaquer au séparatisme islamiste" et à son projet de "contre-société", dans un discours prononcé aux Mureaux, une banlieue sensible des Yvelines, en région parisienne. "Force est de constater qu'il y a un islamisme radical qui conduit à nier les lois de la République, qui conduit à banaliser la violence et qui a conduit certains de nos citoyens, de nos enfants, à choisir le pire ou à considérer que le pire était devenu naturel", a déclaré le chef de l'Etat en préambule de son discours.
Emmanuel Macron a notamment évoqué la faillite de la politique de la ville. "Nous avons nous-mêmes construit notre propre séparatisme, c'est celui de nos quartiers, c'est la ghettoïsation que notre République a laissé faire (...). Nous avons eu une politique de peuplement, nous avons construit une concentration de la misère et des difficultés. (...) Nous avons concentré la population en fonction de leurs origines, de leurs milieux sociaux (...). Nous avons créé des quartiers où la promesse de la République n'a plus été tenue", a-t-il admis.
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Face à ce constat, il a présenté une série de mesures prévues dans un projet de loi "qui, 115 ans après l'adoption définitive de la loi de 1905, visera à renforcer la laïcité, à consolider les principes républicains". Le Conseil des ministres examinera ce texte le 9 décembre, en vue d'un examen à l'Assemblée début 2021. Franceinfo fait le point sur les principales annonces.
L'instruction scolaire à domicile sera "strictement limitée"
L'instruction scolaire à domicile sera "strictement limitée" dès la rentrée 2021 au profit de la fréquentation obligatoire de l'école dès l'âge de 3 ans, et les établissements hors contrat subiront des contrôles renforcés. "C'est une nécessité. J'ai pris une décision, sans doute l'une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969", a souligné Emmanuel Macron.
"Aujourd'hui, plus de 50 000 enfants suivent l'instruction à domicile, un chiffre qui augmente chaque année", a indiqué le chef de l'Etat. Il a évoqué des cas de parents d'élèves qui refusent de mettre leurs enfants au cours de musique ou à la piscine et ensuite font le choix de "la déscolarisation"."Ces enfants ne vont pas au Cned [enseignement à distance], mais dans des structures nullement déclarées", a poursuivi Emmanuel Macron. "Des murs, presque pas de fenêtre, des femmes en niqab qui les accueillent, des prières, certains cours, voilà leur enseignement", a-t-il décrit.
Emmanuel Macron a aussi confirmé que les dispositifs de cours facultatifs en langues étrangères dispensés par des enseignants désignés par les gouvernements d'autres pays (Elco) allaient être supprimés, conformément à ce qu'il avait annoncé en février dernier.
Les imams ne seront plus formés à l'étranger et les mosquées davantage encadrées
Afin de construire "un islam qui puisse être en paix avec la République", il est nécessaire de "libérer l'islam en France des influences étrangères" a indiqué Emmanuel Macron.
Pour y parvenir, il a annoncé la fin du système de formation des imams à l'étranger et demandé au Conseil français du culte musulman (CFCM), d'ici "six mois au plus tard", de labelliser des formations d'imams en France, "d'assumer une responsabilité cultuelle de la certification des imams" et d'écrire "une charte dont le non-respect entraînera la révocation des imams."
Le chef de l'Etat a également prôné un meilleur contrôle du financement des mosquées, incitées à sortir de la forme associative et à se placer sous le régime de la loi de 1905, moins souple sur le plan des obligations comptables. Il a aussi annoncé sa volonté "d'empêcher les putschs" par des "extrémistes" dans une mosquée. Un "dispositif anti-putsch très robuste" figurera dans le futur projet de loi contre les séparatismes. Il "permettra d'éviter que ces protagonistes (...) n'utilisent les faiblesses de nos propres règles pour venir prendre le contrôle des associations cultuelles (...) pour aller prédiquer le pire".
Autre annonce : le déblocage d'une enveloppe de 10 millions d'euros pour la Fondation pour l'islam de France et la création d'un institut scientifique d'islamologie.
Les associations seront plus étroitement contrôlées
Les associations, "piliers de notre pacte républicain", ont pu être investies par "celles et ceux qui portent des projets de séparatisme islamiste", a déclaré Emmanuel Macron.
La loi présentée le 9 décembre proposera d'étendre les motifs de dissolution à "l'atteinte à la dignité" ou la "pression psychologique ou physique". Les contrôles seront dont "renforcés" afin de pouvoir "dissoudre des associations dont il est établi qu'elles portent ces messages".
Toute association sollicitant une subvention publique devra par ailleurs signer une charte de la laïcité. "Si le contrat est rompu, ses responsables devront rembourser car il est nécessaire que l'argent public ne serve pas à financer les séparatistes", a précisé le chef de l'Etat.
La neutralité des agents du service public sera renforcée
"Au sein de nombreux services publics, nous avons aussi vu ces dernières années se multiplier les dérives", a affirmé le président de la République, citant par exemple "des contrôleurs qui refusent à des femmes l'accès au bus en raison de leurs tenues, des demandes de port du signe ostentatoire d'agents qui exercent des services délégués par la commune, par l'Etat".
Pour mettre fin à certaines dérives, notamment dans les transports, Emmanuel Macron a annoncé que le texte de loi prévoirait l'extension de l'obligation de neutralité aux salariés des entreprises délégataires de service public.
L'enseignement de la langue arabe sera encouragé à l'école
Le président a aussi encouragé l'enseignement de la langue arabe afin qu'il ne soit pas seulement assuré par des associations. "Quand nous ne l'enseignons pas à l'école, nous acceptons que plus de 60 000 jeunes aillent l'apprendre dans des associations pour le pire et qui sont manipulés", a-t-il indiqué. "Sortons de l'hypocrisie, ne déléguons pas cet enseignement", a martelé le chef de l'Etat.
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