Fin de l'accueil des "imams détachés" en France : "C'était des annonces attendues depuis des lustres", selon la fondation de l'islam de France
Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'islam de France, a salué les annonces d'Emmanuel Macron en déplacement à Mulhouse. "Il faut organiser le culte islamique dans notre pays, par des imams sérieux, formés", a-t-il ajouté.
"C'était des mesures et des annonces attendues depuis des lustres", s'est réjoui mardi 18 février sur franceinfo Ghaleb Bencheikh, le président de la fondation de l'islam de France, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé à Mulhouse (Haut-Rhin) des mesures qui consistent notamment à cesser d'accueillir des "imams détachés" envoyés par d'autres pays.
Que pensez-vous de l'engagement d'Emmanuel Macron quant à l'islam politique qui, selon lui, "n'a pas sa place en France" ?
Ghaleb Bencheikh : Nous ne pouvons en penser que des choses bien, elles sont les bienvenues. Nous nous en réjouissons. C'était des mesures et des annonces attendues, depuis des lustres. Nous nous retrouvons tout à fait dans le quadriptyque annoncé par le président de la République. Nous étions quelques-uns, depuis un certain nombre d'années, à avoir dit qu'il faudrait arrêter avec l'influence étrangère, de quelque ordre que ce soit, arrêter avec ce que nous appelons l'islam consulaire.
Nous sommes pour un islam gallican, français, un islam de France, une manière française de vivre la tradition religieuse islamique et l'élévation spirituelle. Il faut organiser le culte islamique dans notre pays, par des imams sérieux, formés, compétents, des recteurs de mosquées intègres, propres, tout aussi connaisseurs des questions religieuses, théologiques et islamologiques. Il y a des aspects sociaux relevant de l'insertion dans le tissu social, tout cela avec une adhésion au pacte républicain, dans un esprit républicain.
La Turquie a été particulièrement visée par Emmanuel Macron concernant les "imams détachés", comprenez-vous pourquoi ?
Je comprends. La diplomatie a un temps. Emmanuel Macron nous a dit tout à l'heure qu'avec le Maroc et l'Algérie, les négociations se sont très bien déroulées pour mettre fin à ce que nous appelons les "imams détachés". Apparemment, et nous faisons crédit que ce qu'il nous dit est vrai, avec la Turquie, les choses ne se sont bien passées. A un moment, il faut savoir dire stop.
Attendez-vous plus que les mesures annoncées aujourd'hui ?
Le plus grand voyage commence par un pas, aujourd'hui il y a eu des enjambées. Il faut former les imams, sur l'aspect cultuel mais aussi sur l'aspect culturel, et c'est ce que nous faisons. Il y a toute une formation dite profane, qui doit accompagner la formation des imams, pour les connaissances théologiques.
Il faut qu'ils maîtrisent le droit des cultes, qu'ils connaissent l'histoire des institutions républicaines, qu'ils comprennent les enjeux de la laïcité comme un enjeu de la modernité. Il faut aussi qu'ils s'approprient l'héritage culturel français. Ils sont Français, ils s'adressent à des citoyens français ou qui résident en France, pleinement musulmans et pleinement républicains.
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