"Mais c'est une simple robe !" : à Marseille, ces jeunes filles ne comprennent pas l'interdiction de l'abaya
A Marseille, le port de l'abaya a suscité des tensions dans plusieurs lycées au cours de l'année scolaire précédente. Alors pour la rentrée, Tayra et farah, deux lycéennes musulmanes, ont déjà prévu leur tenue. Ce sera un pantalon. Avant, elles portaient parfois l'abaya en cours, mais elles ont déjà été obligées de rentrer chez elles pour se changer, raconte Tayra. "Je rentrais au lycée, j'ai enlevé mon voile, j'étais en abaya. Mais la principale m'a interpellée. Elle m'a dit : tu dois l'enlever. Ça fait mal !"
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Tayra se sent pointée du doigt. Elle ne comprend pas l'interdiction du port de l'abaya dans tous les établissements scolaires, annoncée par le ministre de l'Education Gabriel Attal. Même sentiment pour son amie Farah, qui fait bien la distinction entre le voile et l'abaya. "Quand on parle du voile, pour moi, oui, là, c'est religieux. Mais une abaya, c'est une simple robe ! Parfois, je n'ai pas forcément envie de mettre un jean, par exemple. Les filles s'habillent de façon courte, on les critique, elles s'habillent de façon longue, on les critique... On ne sait même plus comment s'habiller !"
"On trouve des abayas pour tous les goûts"
Et comment faire la différence entre une abaya et une simple robe couvrante aux manches longues ? Certaines adolescentes se sentent désemparées, ne savent plus vraiment quoi porter pour éviter d'être convoquées, raconte cette professeure d'un lycée des quartiers nord de Marseille. "Elles pouvaient porter des robes Zara, H&M, qui était effectivement longues, larges, et les CPE leur disaient : 'Non, mais là, tu vois ta robe, le fait qu'elle soit noire, ça peut faire un peu peur... Peut-être que si tu mettais la même robe avec des fleurs ou avec une ceinture, ce serait moins choquant'. Donc en fait, derrière les abayas, il y a surtout une volonté de contrôler les tenues des filles."
C'est d'ailleurs pour soutenir la liberté de s'habiller de certaines de ses copines que Lamia, bientôt 17 ans, a lancé un jour un appel à porter l'abaya dans son lycée. "Je ne vois pas pourquoi on parle de prosélytisme. À la base, c'est quelque chose de culturel et maintenant, c'est quelque chose de très mode, en fait. Il y a un effet de mode sur les réseaux sociaux. Maintenant, on trouve des abayas pour tous les goûts, pas forcément noire, des strass, des motifs. On parle d'une tenue, quoi !" L'interdiction à l'école est "ridicule", dit-elle. Mais pour ne pas faire d'histoire, son abaya blanche aux manches à froufrous, elle ne la portera désormais que le week-end.
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