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Sous le soleil marocain, les futurs prédicateurs français se forment à l'islam du juste milieu

Une cinquantaine de jeunes Français rejoignent chaque année l’Institut de formation des imams, à Rabat, au Maroc, pour se former à leur métier d’imam, dans la tradition de l'islam dit "du juste milieu", ouvert et tolérant.

Article rédigé par Joan Longuépée
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La ville de Rabat, au Maroc, depuis le toit d'une maison. (DAMIR SAGOLJ / X90027)

En mars 2015, le roi Mohammed VI inaugurait à Rabat la capitale marocaine l'Institut de formation des imams. Cette formation des imams, marocains d'abord puis étrangers, fait partie des mesures prises au Maroc après les attentats jihadistes de Casablanca, qui firent une quarantaine de morts le 16 mai 2003. Aujourd'hui, presque 1 200 étudiants suivent cette formation dans la tradition de l'islam dit "du juste milieu", ouvert et tolérant.

Trois ans de formation

En plus des imams marocains, y sont accueillis des étudiants et étudiantes (les femmes peuvent devenir mourchidates et donc enseigner l’islam) venus d'Afrique (Mali, Sénégal, Côte d'Ivoire, Guinée…), mais aussi de France. Ainsi, une cinquantaine de Français y suivent une formation de trois ans. Franceinfo les a rencontrés. 

Sous le soleil marocain, les futurs prédicateurs français se forment à l'islam du juste milieu

À l’heure de la pause-café, un joyeux brouhaha couvre le clapotis des fontaines. Les étudiants sortent dans les patios carrelés de mosaïques traditionnelles. Parmi eux, un couple de jeunes mariés venus d’Avignon. "Je suis venue étudier, apprendre ma religion, afin de l’enseigner", glisse doucement Myriam, 21 ans. "Il n’y a pas plusieurs islam. Les autres, c’est l’islam de l’égarement", explique Oussama, son mari, qui veut lui aussi transmettre sa religion, loin des dérives radicales."

Le terrorisme part d’une "mauvaise compréhension"

"L'islam du juste milieu enseigné ici, c’est l’islam, répète Abdesselam Lazaar, le directeur de l’institut. On apprend les sciences islamiques et les sciences humaines pour que l’imam soit capable de transmettre une compréhension correcte de l’islam. Le terrorisme part d’une mauvaise compréhension de l’islam…"

Dans cette classe, une douzaine de Français sur les cinquante accueillis gratuitement à Rabat. Ismaël, étudiant en droit à Roubaix, vient y chercher un enseignement de référence. "Il existe des endroits où l’on peut étudier la religion mais ils sont trop peu nombreux, ce qui laisse toute la place à tout ce que l’on peut trouver sur internet…" "L’objectif, poursuit-il, c’est de prendre le savoir qui existe, qui est ancestral, en le transmettant à notre tour, afin de promouvoir un islam qui pourra rassembler les gens."

Des arguments pour rester dans le juste milieu

Morgan, 28 ans, vient de Lens. Converti à l’Islam il y a une dizaine d’années, il étudie ici depuis plus d’un an : "Il n’y a pas eu un virement de bord… Non que ça m’ait rendu plus ouvert alors que j’étais fermé. Non. Mais la porte de l’institut nous donne concrètement de vrais arguments religieux." Il cite par exemple la place de la femme : "Je n’ai jamais pensé que la place de la femme était à la cuisine etc., s’amuse Morgan. Mais là, par contre, on nous donne le texte qui appuie cette idée-là." Des arguments pour contrer les mauvaises interprétations des textes coraniques et rester dans le juste milieu.

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