"Des pics, des bancs enlevés, un peu de tout" : la Fondation Abbé Pierre tient sa première cérémonie des Pics d’or pour "récompenser" les dispositifs anti-SDF
Piquets en métal, pots de fleurs en ciment, bancs enlevés... On compte 340 dispositifs anti-SDF en France, selon la Fondation Abbé Pierre.
On les appelle les dispositifs anti-SDF. Ce sont des mobiliers urbains qui ont pour objectif d’empêcher les sans-abri de s’installer à certains endroits. Pour dénoncer le développement de ces équipements, la Fondation Abbé Pierre organise mercredi 13 février sa première cérémonie des Pics d’or. Il s'agit de "récompenser" ironiquement les auteurs de ces dispositifs parfois surprenants.
À Paris, il y a par exemple cette grille fixée sur une sortie d'air chaud. Il s'agit d'une grille métallique pour que les sans-abri ne puissent pas s'y asseoir. Et puis, un peu plus loin, sous le porche d’un immeuble, un imposant pot de fleurs en ciment occupe l’espace et empêche toute personne de s’y abriter. Cela n'étonne pas Lionel, sans-abri depuis deux ans et demi. Il a fini par s’habituer à ces obstacles qui lui compliquent la vie. "Les gens nous chassent de plus en plus. Il y a des pics, des bancs enlevés, un peu de tout...", raconte-t-il.
Les deux tiers des dispositifs anti-SDF en région parisienne
Christian Page a été confronté aux mêmes difficultés pendant ses quatre années passées à la rue. Dans son quartier, le 10e arrondissement et les alentours du canal Saint-Martin, il compte plusieurs dispositifs anti-SDF. Il en a été victime, au pied de l’immeuble où il s’abritait, il y a encore quelques mois. "Je dormais là, et visiblement au bout d'un moment ça n'a pas plu, déplore-t-il. Ils ont posé des piquets en métal, ça doit valoir de l'argent, je ne sais pas combien ça coûte de chasser un SDF." Ces dispositifs ne font pas l’unanimité. Des voisins ont lancé une pétition pour s’opposer à cette installation, mais ils n’ont pas été entendus.
Depuis un an, la Fondation Abbé Pierre recense les différents types de mobilier anti-SDF. Grâce aux photos envoyées par des centaines de contributeurs, l’association en a compté 340 à travers la France, dont les deux tiers en région parisienne.
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