L'aide à domicile de la résistante Madeleine Riffaud, âgée de 99 ans, soupçonnée d'abus de confiance pour un préjudice de plus de 140 000 euros
L'aide à domicile de l'ancienne résistante Madeleine Riffaud sera jugée au tribunal correctionnel de Paris le 19 décembre prochain, soupçonnée d'abus de confiance sur la nonagénaire, a appris mercredi 25 octobre franceinfo auprès du parquet de Paris.
Le parquet avait été saisi d'une plainte déposée le 7 février 2022 par une amie de Madeleine Riffaud, aujourd'hui âgée de 99 ans. Cette amie de l'ancienne résistante accusait alors l'aide à domicile de Madeleine Riffaud d'abus de confiance à son encontre. La nonagénaire, l'une des premières correspondantes de guerre françaises, bénéficiait d'aide à domicile depuis de nombreuses années "en raison notamment de sa cécité", précise le parquet.
Le parquet de Paris avait alors ouvert une enquête après la lecture d'un relevé de compte ayant révélé des dépenses injustifiées et incohérentes avec le mode de vie de l'ancienne résistante. Le préjudice est estimé à plus de 140 000 euros.
Des dépenses dans des boutiques de vêtements, chez l'esthéticienne
Madeleine Riffaud est aveugle et alitée depuis 12 ans. Les proches de cette ancienne journaliste de guerre, décorée à de nombreuses reprises, assurent qu’elle vit modestement. Son aide à domicile effectuait régulièrement des achats avec la carte bancaire de la victime. Les enquêteurs ont analysé les relevés bancaires de l’ancienne résistante. Ils ont ainsi repéré "des dépenses hallucinantes", selon eux, des notes de restaurant, des dépenses chez le coiffeur, chez l’esthéticienne, dans des boutiques de vêtements, ainsi que des achats de croquettes pour chat, d’une machine à eau gazeuse.
Les investigations montrent également que, de 2015 à 2021, l’aide à domicile n’a effectué aucun achat alimentaire, parfois pendant plusieurs mois. L’aidante de 66 ans est également soupçonnée d’avoir gonflé les factures de ses prestations, après avoir conclu un contrat avec Madeleine Riffaud pour l’aider à la maintenir à domicile.
Placée sous contrôle judiciaire
L'aide à domicile a été présentée à l'issue de sa garde-à-vue à un magistrat du parquet, qui lui a notifié qu'elle sera jugée en correctionnel le 19 décembre prochain à Paris. Elle comparaîtra pour "abus de confiance aggravé par la particulière vulnérabilité de la victime". La peine encourue est de sept ans et 750 000 euros d'amende. En attendant, elle a été placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction de contact avec la victime et d'exercer le même type de profession.
Arrêtée après avoir abattu un soldat allemand en juillet 1944, Madeleine Riffaud est torturée pendant trois semaines par les Allemands, puis par les Français. Elle échappe finalement à sa condamnation à mort et à la déportation et combat pour la Libération de Paris à la tête d'un détachement d'hommes. La résistante vient de publier le deuxième tome d’une BD sur sa vie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.