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Communiquer sur la dégradation des radars entraîne "une sorte de dépénalisation de la vitesse", déplore la Prévention routière

Selon la déléguée générale de l'association, la forte augmentation du nombre de morts sur la route en février s'explique notamment par le nombre de radars dégradés.

Article rédigé par franceinfo
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Anne Lavaud, lors de la présentation d'un rapport sur les véhicules autonomes, le 14 mai 2018. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"À force de dire qu’il y a une dégradation des radars, on est en train de communiquer sur une sorte de dépénalisation de la vitesse, ce qui entraîne une augmentation générale de la vitesse", et "chacun est reparti avec ses vieilles habitudes", déplore Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière sur franceinfo ce jeudi. Elle se dit "inquiète" alors que le nombre de morts sur les routes est en hausse de 17,1% en février 2019. 253 personnes sont mortes ce mois-là. Ce sont "les cyclistes, les piétons et les plus de 65 ans [qui] payent un lourd tribut".

franceinfo : Comment expliquez-vous ces très mauvais chiffres ?

Anne Lavaud : Notre association est inquiète au regarde d’une hausse spectaculaire sur ce mois de février et qui suit déjà une hausse au mois de janvier. Ce sont des chiffres en hausse par rapport au mois identique de l’année dernière, donc on compare des données à une période où on roulait encore à 90 km/h sur les routes françaises. Ces chiffres font suite à une année 2018 qui nous avait donné des espoirs et là on voit que les chiffres repartent à la hausse.

Dans les explications, dans le détail, on a une augmentation importante des populations qu’on appelle des "usagers vulnérables", ceux qui ne sont pas carrossés, qui ne sont pas en voiture donc les cyclistes, les piétons et les plus de 65 ans payent un lourd tribut.

Il y a aussi tout une information qu’il faut analyser au regard de données météo. On a eu un "printemps anticipé" avec une dizaine de jours où tout le monde était sorti sur les terrasses et les vélos ont repris leur place dans les centres-villes, ce qui peut expliquer aussi cette augmentation.

La dégradation des radars est mise en cause. Est-ce une des raisons qui expliquent le relâchement des comportements ?

C’est le deuxième paramètre qui est très important. La vitesse est le facteur aggravant de toutes les autres causes de mortalité. Et au-delà de cette augmentation du nombre de tués, il faut aussi regarder l’augmentation du nombre d’accidents corporels et ayant générés des blessés. On est à plus de 21% par rapport à février 2018. C’est très préoccupant et la vitesse est sûrement un des facteurs aggravants.

Il faut se rappeler aussi qu’en février 2018, on était en plein débat sur les 80 km/h. Cette phase de surinformation sur le sujet avait fait que les Français avaient commencé à réduire leur vitesse sur la route, et aujourd’hui on a un peu le phénomène inverse. À force de dire qu’il y a une dégradation des radars, on est en train de communiquer sur une sorte de dépénalisation de la vitesse, ce qui entraîne une augmentation générale de la vitesse.

Cette mesure des 80 km/h est-elle encore efficace ?

Elle n’a pas encore eu le temps de démontrer son efficacité en termes de comportement routier. Il faut environ une génération pour que les choses soient comprises et non plus vécues comme une sanction ou une privation de liberté. Il fallait a minima que cette mesure puisse vivre 2 à 5 ans, pour démontrer son efficacité. Or, la dégradation des radars met complètement à mal cet agenda. Toute la période que l’on vit actuellement, avec une dépénalisation générale sur l’infraction vitesse a fait, avant même que la mesure soit efficace, que chacun est reparti avec de vieilles habitudes.

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