Procès d'un chauffard de l'Aisne : "On peut considérer ces excès de vitesse comme une dépendance", témoigne la mère de deux victimes
Nadia Karmel a perdu deux de ses enfants dans un accident de la route provoqué par un chauffard multirécidiviste en avril 2018 dans l'Aisne.
"Je pense qu'on peut considérer ces excès de vitesse comme une dépendance, comme l'alcool et la drogue", a témoigné mercredi 18 septembre sur franceinfo Nadia Karmel, la mère de deux fillettes mortes dans un accident de la route le 3 avril 2018 à Festieux (Aisne). Adélaïde, 3 ans et demi, et Lila, 26 mois, ont été victimes d'un chauffard multirécidiviste. Le procès de ce conducteur s'ouvre jeudi 19 septembre à Laon.
Nadia Karmel attend "l'application de la peine de manière drastique" et que le chauffard "ne puisse plus conduire de véhicule terrestre". Auteur d'un livre témoignage Elles s'aimaient très très fort, Nadia Karmel a écrit son livre comme "une lettre ouverte" au gouvernement avec des propositions pour "pouvoir améliorer la sécurité de tous sur nos routes".
franceinfo : Qu'attendez-vous de ce procès ?
Nadia Karmel : On attend l'application de la peine de manière drastique. On attend également qu'à moyen terme, cette personne ne puisse plus conduire de véhicule terrestre, puisqu'il a été autorisé à conduire un véhicule ne nécessitant pas de permis lors de la première audience au mois de décembre. Cette personne continue [de conduire] malgré tous ses excès, malgré le contrôle judiciaire et malgré l'accident dramatique qu'il a causé.
Quelle est votre volonté derrière le fait d'écrire ce livre ?
C'était une volonté de partager notre témoignage, qu'il puisse servir à cet engagement qui est celui de n'avoir jamais à côtoyer un drame similaire. C'est notre histoire, notre vie avant, notre vie pendant et notre vie après l'accident. C'est un partage, un témoignage et des propositions concrètes qui sont faites à l'issue de ce livre. C'est une lettre ouverte adressée au président de la République, au Premier ministre, au ministre de Transports et à la garde des Sceaux.
Quelles sont ces propositions ?
Elles sont différentes et toutes très utiles. On parle des gestes qui sauvent, qui ne sont pas enseignés dès le plus jeune âge en France et qu'on pense nécessaires. On parle aussi de l'application des peines de manière drastique. Nous n'avons jamais entendu des peines de cinq, sept ou dix ans appliquées. Et pourtant, cela pourrait nous prémunir de certaines récidives concernant les comportements routiers inadaptés. On parle également de responsabiliser les assurances vis-à-vis de leurs assurés qui représentent un danger sur nos routes et qui ont un comportement routier inadapté. Enfin, on parle du suivi psychologique qui est nécessaire pour les personnes qui sont en excès régulier. Je pense qu'on peut considérer ces excès de vitesse comme une dépendance, comme l'alcool et la drogue.
Que vous inspirent les débats sur la sécurité routière, comme la baisse de la limitation de vitesse sur les routes ?
On sait qu'il y a neuf français sur 10 qui sont contre cette baisse de 90 à 80 km/h. C'est ce qui pousse à s'enorgueillir, pour certains conducteurs, à adopter des comportements inadaptés et qui mettent en danger les autres automobilistes. Il est essentiel que ces comportements routiers soient sanctionnés de manière drastique pour limiter cette récidive, et permettre à tout le monde d'être sur une route où il y a des échanges et non de la violence routière.
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