Reportage "Sortir de l'argent pour un truc qui ne va servir à rien" : dans toute la France, des milliers de motards ont défilé contre l'obligation du contrôle technique des deux roues

Les organisateurs ont compté 10 000 manifestants à Paris, samedi, contre le contrôle technique obligatoire pour les deux roues tous les trois ans.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des milliers de motards en colère, dont 10 000 à Paris selon les organisateurs, se sont rassemblés. (WILLY MOREAU / RADIOFRANCE)

Des milliers de motards ont défilé dans toute la France, samedi 13 avril,  mobilisés contre l’obligation, dès lundi, pour les deux roues d’un contrôle technique tous les trois ans, une directive européenne que la France doit appliquer. Les motards voulaient faire connaître leurs propositions au grand public, c’est chose faite.

La circulation était très compliquée par endroits à Paris parce que des milliers de motards - 10 000 selon les organisateurs - ont emprunté sur quelques kilomètres, d'abord le périphérique bloqué par les forces de l'ordre, puis sont rentrés dans le centre de la capitale, Un jour de beau temps avec du monde dehors, beaucoup de voitures, de piétons, de cyclistes et donc des axes totalement bouchés, des intersections congestionnées, les conducteurs de voitures qui klaxonnent à certains endroits. La Fédération française des motards en colère voulait une manifestation visible. Le pari est réussi vu le nombre de personnes qui ont brandi leur téléphone portable tout au long de la rue pour pouvoir filmer le cortège.

"Aucune incidence sur ma façon de conduire"

Cette mobilisation impressionnante prouve à quel point les motards sont remontés contre ce contrôle technique obligatoire. Jean-Marie le confirme, il a fait toutes les manifestations contre le contrôle technique et d'après lui, celle de samedi est la plus importante. Pas étonnant, pour lui qui conteste l'utilité de cette mesure : "Le motard est la première personne à prendre soin de sa vie, puisqu'il est seul en cause en cas d'accident. La plupart du temps, c'est lui qui va avoir des ennuis souvent graves. C'est sortir de l'argent pour un truc qui par nature va ne servir à rien et qui n'aura absolument aucune incidence sur ma façon de conduire et sur ma façon d'entretenir mon véhicule qui est par nature bien entretenu. Je ne comprends pas qu'on m'impose une chose qui sert à rien."

Pour Jean-Marc Belotti qui représente la Fédération Française des motards en colère, cette mesure n'a aucun sens : "Quand on a mis le contrôle technique en place pour les voitures en 1992, il y avait 17 % des voitures qui étaient impliquées dans un accident à cause de leur mauvais état. Pour les deux roues motorisés, ce n'est pas du tout le cas, c'est 0,3 %. Et ça, ce sont les statistiques de l'assurance qui est spécialisée dans les deux roues motorisés et qui a sorti 16 000 dossiers qu'ils ont étudiés. Ils se sont aperçus qu'en réalité, il n'y avait pratiquement pas d'accidents dus au mauvais état du véhicule."

L'Union européenne considère au contraire qu'un véhicule neuf dans tous les cas, améliore la sécurité. La France est obligée d'appliquer cette directive à moins de mettre en place des alternatives pour la sécurité des motards. Le Conseil d'État a dit que le compte n'y était toujours pas. Voilà pourquoi le contrôle technique entrera en vigueur à partir de lundi pour les véhicules les plus anciens. Les motards, eux, préviennent : ils sont prêts à retourner dans la rue tant que la mesure ne sera pas retirée.

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