Après avoir frôlé la mort sous les coups de son ex-compagnon, Géraldine témoigne
Dans un reportage diffusé le 5 avril, Envoyé spécial a rencontrée Géraldine, une survivante de violences conjugales, alors qu’une femme est tuée par son compagnon tous les trois jours.
Depuis le 1er janvier 2017, 140 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, soit une femme tous les trois jours. Dans "Homicide conjugal, la mécanique du crime", reportage diffusé dans Envoyé spécial le 5 avril, les journalistes Lorraine de Foucher et David Geoffrion ont rencontré Géraldine, qui a survécu à une tentative d’assassinat par son ex-compagnon.
"Elle se retrouve sur un trottoir nantais en train de se vider de son sang."
Face caméra, Géraldine montre les cicatrices que lui ont laissé les coups de couteaux infligés par le père de sa fille. L’un a raté l’aorte de peu, un deuxième a sectionné son biceps, un autre l’a touchée au poumon, "coupé en deux". Des cicatrices qui font maintenant partie de son corps, de son histoire.
Après des années de violence dans son couple, elle avait annoncé à son compagnon son intention de le quitter. Alors qu’elle se rend dans les locaux de la protection de l'enfance, où il est venu voir leur fille, il sort un couteau acheté le jour même et se jette sur elle, la poignarde à plusieurs reprises et tue le travailleur social qui s’interpose.
Un élément déclencheur : la séparation
La rupture a été l’élément déclencheur, comme dans sept cas d’homicide conjugal sur dix. C’est ce que constate Alexia Delbreil, psychiatre et médecin légiste, qui a réalisé la première étude d'ampleur sur l'homicide conjugal. Elle considère qu’il existe un "profil type" : "un homme d’âge moyen qui passe à l’acte au domicile conjugal avec une arme d’opportunité" c’est-à-dire qui se trouve à portée de main. Ce serait en effet "un geste impulsif", motivé par "un contexte de conflit majeur" généralement une séparation.
Plusieurs plaintes en vain
Géraldine avait fait appel à la gendarmerie à de nombreuses reprises. Mais ses plaintes semblent ne pas avoir été prises au sérieux. C’est ce qu’explique Me Anne Bouillon, l’avocate spécialisée en droits des femmes qui la représente : "Ce que nous interprétons comme des indicateurs au rouge (…) l’institution judiciaire, les gendarmes ne le voient pas." Elle dénonce l’attitude des gendarmes, qui "pensent que Géraldine est dans la duplicité, ment".
Après sa sortie de l’hôpital, traumatisée, elle ne pouvait plus utiliser de couteaux normaux. Sa fille et elle les ont remplacés par des couteaux à beurre. Mais Géraldine se sait chanceuse d’avoir survécu. D’autres n’ont pas eu cette chance. Comme Mariama, 32 ans, qui a reçu 23 coups de couteau et a été défenestrée par son mari. Émilie, 34 ans, a été attachée vivante sur les rails et percutée par un TGV. Jessica, 42 ans, a été égorgée et poignardée six fois au visage.
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