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"J'attends qu'il y ait un autre féminicide ?" : elle enregistre les cris d'une voisine et interpelle la police sur Twitter

Une internaute a publié sur Twitter une vidéo tournée dans sa cage d'escalier où on entend les cris d'une femme et une voix masculine proférer des insultes. 

Article rédigé par franceinfo
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Capture d'écran d'un tweet d'une Toulousaine alertant sur un cas de violence conjugale présumée dans son immeuble, le 9 février 2019. (TWITTER)

Des hurlements qui glacent le sang. Une habitante de Toulouse (Haute-Garonne) a publié sur Twitter, samedi 9 février, une vidéo tournée dans la cage d'escalier de son immeuble, dans laquelle on entend les cris d'une voisine entrecoupés de bruits sourds et d'insultes prononcées par une voix masculine. "Mon voisin bat sa femme en toute impunité", affirme-t-elle.

Dans ses messages, elle remet en cause le comportement de la police, qui n'aurait, selon elle, pas mis en œuvre les moyens nécessaires pour mettre fin à cette possible situation de violence conjugale. Ce que les autorités démentent, affirmant être intervenues à plusieurs reprises pour ce qu'elles estiment être "une dispute".

D'après le témoignage de l'auteure de la vidéo, les hurlements ont commencé tôt samedi matin. "J'ai été réveillée par ces cris de femme qui venait de l'appartement d'en dessous où vit un jeune couple. Je suis d'abord descendue avec ma sœur enceinte de 7 mois et une voisine pour tenter d'intervenir, raconte Sofia à franceinfo. L'homme nous a ouvert la porte, nous a insultés et nous a dit : 'Vous n'avez qu'à appeler la police, je n'en ai rien à foutre.'" 

"Ils ont procédé à un contrôle d'identité"

Sofia affirme avoir appelé le 17 à 6h35. Selon son récit, les policiers sont arrivés une demi-heure plus tard. "Ils ont toqué à la porte et ont procédé à un simple contrôle d'identité. Les policiers ont demandé à la femme si tout allait bien, puis sont remontés chez moi me dire qu'il n'y avait pas de problème, affirme-t-elle. Les policiers n'ont pas voulu rester dans le couloir pour s'assurer que ça ne recommencerait pas."

Une fois les agents partis, les cris ont rapidement repris, assure Sofia. "J'ai rappelé la police pour qu'ils interviennent, mais ils ont refusé de se déplacer à nouveau", ajoute-t-elle. 

Ils m'ont dit qu'ils avaient des choses plus urgentes à faire, qu'ils n'avaient pas de voiture disponible. Mais le commissariat se trouve à 50 mètres de notre immeuble !

Sofia

à franceinfo

Une version que nient les autorités. "L'affaire est en cours de traitement", a tweeté samedi après-midi la préfecture de région. D'après une source policière, la police se serait déplacée trois fois au total : à deux reprises le matin et une troisième fois l'après-midi. 

"On est plus dans la dispute"

Le cabinet de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, nous a indiqué avoir contacté Sofia et transmis son signalement aux autorités. Dans l'après-midi, les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues et ont interrogé la jeune femme. "A chaque fois, les policiers n'ont pas constaté de traces d'éventuelles violences conjugales. On est plus dans la dispute, face à des gens qui parlent fort", continue cette même source policière, précisant que la femme n'a pas souhaité porter plainte. 

"C'est souvent le problème dans ce genre de situation, malheureusement", indiquait samedi après-midi une source au sein de la mairie de Toulouse, avant de préciser que la municipalité était "en mesure de mettre à l'abri cette personne", si elle le souhaite : "Elle pourra être hébergée et prise en charge pendant deux semaines par une association." De son côté, Sofia affirme envisager une plainte contre la police pour non-assistance à personne en danger. 

Un précédent signalement en janvier

Sofia affirme aussi avoir déjà contacté les forces de l'ordre, le 2 janvier, pour des faits similaires. D'après son récit, les policiers seraient intervenus quatre heures après son coup de fil. Elle avait à ce moment-là également interpellé Marlène Schiappa sur Twitter pour pointer des problèmes techniques sur la plateforme officielle de signalement en ligne de violences sexuelles et sexistes. "Nous signalons immédiatement ce dysfonctionnement", avait répondu la secrétaire d'Etat à ce sujet.

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