Mutilations sexuelles : "Malheureusement, l’excision est encore très répandue", déplore celui qui a inventé une chirurgie réparatrice
"La progression dans certains endroits de l'islam radical n'encourage pas l'interdiction voire permet la réplication de ces pratiques", dénonce le Dr Pierre Foldès, qui parle de "240 millions de femmes" victimes dans le monde.
À l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations sexuelles féminines, le Dr Pierre Foldès, chirurgien urologue, alerte sur la poursuite de cette pratique à travers le monde et en France. "Malheureusement, l’excision est encore très répandue", déclare dimanche 6 février sur franceinfo l’inventeur de la technique de réparation de l’excision.
Malgré la mise en place de nombreuses actions à travers le monde pour lutter contre la pratique de l’excision, qui ont eu "des effets assez positifs dans un certain nombre de pays, malheureusement cette pratique continue. C'est 240 millions de femmes dans le monde", indique Pierre Foldès, co-fondateur de l’Institut Women Safe. La pratique de l’excision continue également en France, précise le médecin.
Le fait de condamner et réprimer l’excision "a modifié les pratiques de par le monde, constate le médecin, notamment avec l'apparition de ce qu'on appelle la médicalisation des pratiques."
"Désormais il n’y a pas que les exciseuses qui excisent. Ce sont parfois des professionnels de santé qui le font pour essayer de cacher les choses et de faire perdurer cette pratique criminelle."
Dr Pierre Foldès, chirurgien urologueà franceinfo
Pierre Foldès précise que "la plupart des pays concernés ont signé un protocole et se sont engagés à arrêter ces pratiques, mais c'est en cours". La "mauvaise nouvelle", selon le médecin, "c’est l'état de guerre permanente en ce moment en Afrique subsaharienne, avec la progression dans certains endroits de l'islam radical, qui n'encourage pas l'interdiction voire qui permet la réplication de ces pratiques."
La technique de réparation de l’excision, inventée par le Dr Pierre Foldès, ne suffit pas à réparer le "traumatisme très profond" des femmes mutilées, indique le médecin. La chirurgie "doit être entourée par une prise en charge multidisciplinaire parce que ces femmes mutilées ne sont pas que mutilées, elles sont en général victimes d'autres types de violences, comme des mariages forcés, des violences intrafamiliales. Il faut les accompagner longtemps, qu'elles soient ou non réparées."
À l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations sexuelles féminines, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, annonce une augmentation en 2022 du budget apporté par l’État à ce domaine d’action de 300 000 euros par rapport à 2021.
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