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Plainte de PPDA pour "dénonciation calomnieuse" : "Cette procédure est faite pour nous réduire au silence", estime la journaliste Cécile Delarue

Cécile Delarue s'est dite "choquée" par cette plainte, "atterrée" par ses motifs et convaincue que cette procédure est faite pour les "réduire au silence", "pour dire aux femmes qu'il vaut mieux se taire qu'aller" porter plainte.

Article rédigé par franceinfo
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Cécile Delarue, à Paris, le 22 juin 2021. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"On ne ment pas, ce qu'on dit, on le maintient", a réagi Cécile Delarue, journaliste et autrice, chargée de la communication du collectif #MeTooMedias, jeudi 28 avril sur franceinfo. Elle fait partie des 16 plaignantes qui accusent Patrick Poivre d'Arvor de violences ou de harcèlement sexuel et contre qui l'ancien présentateur de TF1 a porté plainte, mardi, pour "dénonciation calomnieuse". 

franceinfo : PPDA porte plainte contre vous. Comment l'avez-vous appris et quelle a été votre première réaction ?

Cécile Delarue : Je l'ai appris par la presse. Je pense que c'est le cas de toutes les autres femmes. J'ai été évidemment choquée. On n'a pas témoigné pour se retrouver ensuite accusées de mensonges et, a priori, cette plainte n'est pas la première de PPDA. C'est ce qu'on a appris. Il y en a plusieurs, dont une qui a déjà été classée sans suite sans qu'on soit mises au courant. Pour l'instant, je n'ai d'ailleurs pas été officiellement notifiée du fait que j'avais été attaquée en justice par PPDA mais je sais que je fais partie de la liste.

L'avocat de PPDA explique que "l'objectif n'est pas de faire taire les plaignantes", mais "d'éviter que les mêmes mensonges soient répétés sans contradictoire", que répondez-vous ?

Je suis atterrée. L'accusation de mensonge est complètement délirante. On ne ment pas. Ce qu'on dit, on le maintient. Je suis entourée de femmes qui ont souffert de choses extrêmement difficiles. Je rappelle qu'il y a quand même 6 plaintes pour viol. Ce sont 16 femmes qui racontent toutes des témoignages très différents, que ces témoignages se recoupent et se différencient. Toutes ces femmes ne se connaissaient pas entre elles. Elles sont toutes allées spontanément parler à la police de manière discrète. La plupart de ces femmes sont anonymes, elles n'ont absolument pas cherché à parler médiatiquement. D'ailleurs ces plaintes auraient pu se faire de manière extrêmement discrète si Patrick Poivre d'Arvor n'était pas aller placer cette question sur le tribunal médiatique, en allant à la télé pour soi-disant se défendre contre nous. On ne veut pas la justice médiatique, nous. Ce qu'on demande, c'est la justice et je pense que cette procédure est faite pour nous réduire au silence. Pour nous dire de nous taire, pour dire aux femmes qui ont été victimes de Patrick Poivre d'Arvor, mais aussi aux femmes en général, qu'il vaut mieux se taire qu'y aller.

Vous êtes prête à y aller aujourd'hui à ce procès pour dénonciation calomnieuse et à affronter l'homme que vous accusez et qui vous accuse en retour ?

Je suis prête, oui. Moi, j'ai décidé de témoigner quand j'ai su que Florence Porcel, qui est la première à avoir porté plainte, a porté plainte pour viol. Cette femme que je ne connaissais pas, avait des accusations qui étaient très fortes et je reconnaissais dans ces accusations des témoignages que j'avais déjà entendus d'anciens collègues quand j'étais à TF1. Je l'ai crue tout de suite. Je me suis dit que j'avais assisté à des choses ou participé à des choses qui n'allaient pas, qu'il y avait un système qui n'allait pas à TF1, en tout cas à l'époque, et qu'il fallait que j'aille faire mon devoir de citoyenne en allant parler à la police.

Vous ne regrettez pas aujourd'hui ?

Je ne regrette pas. Je pense que c'est le cas aussi des autres femmes. Je ne les représente pas toutes mais on fait partie de l'association MeTooMedias qui s'est créée après cette action. Donc oui, évidemment qu'on aimerait ne pas être poursuivies, mais s'il faut être poursuivie, s'il faut aller au tribunal, évidemment qu'on ira. D'autant que certains témoignages sont prescrits, là on nous donne accès à la justice. Le problème qu'on a, c'est quand les faits ne sont pas prescrits, les femmes n'osent pas aller porter plainte et je ne pense pas que l'action de Patrick Poivre d'Arvor va les aider à y aller. Nous on veut les rassurer, leur dire de faire confiance à la justice. Vous serez entendues. Vous pourrez obtenir justice, alors pas forcément complétement, parce qu'on sait que dans les cas de viol, il y a quand même très peu de cas où les violeurs sont condamnés, mais au moins pouvoir faire entendre leur parole dans une cour de justice.

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