"Safer plage” : Marseille élargit son dispositif contre le harcèlement sexuel sur les plages
Sur la plage de Bonneveine, à Marseille, à deux pas de l’hippodrome, trois jeunes Parisiennes, allongées sur des serviettes, bronzent à l’écart. Abderahim s’approche : "C'est une application téléchargée sur le téléphone, contre le harcèlement sexuel, le harcèlement tout court sur la plage, au cas où il y a des problèmes, des gars qui forcent un peu, qui viennent, qui draguent, à qui on dit non mais qui continuent quand même...", détaille-t-il.
Une appli à télécharger et seize médiateurs recrutés
Il est l’un des seize médiateurs rémunérés au smic par la mairie pour faire la promotion du dispositif Safer plage, "plage plus sûre" en français, une application gratuite à télécharger sur son portable qui permet aux femmes de prévenir des médiateurs voire la police en cas de problème. L’application, créée à l’origine pour le festival Marsatac à Marseille, géolocalise la victime.
"Vous allez cliquer sur 'J'ai besoin d'aide', et nous on la voit sur la géolocalisation et on arrive dans les deux minutes !"
Abderahimà franceinfo
Valentine, Joséphine et Charlotte semblent plutôt convaincues : "C'est bien d'avoir cette possibilité, c'est sûr, approuve l'une d'elles. C'est une super bonne idée. Honnêtement, pour celles qui sont un peu désemparées, qui ne savent pas qui appeler, qui sont seules, c'est génial. Parce qu'on est trois, mais parfois tu viens seule à la plage, et c'est bien d'être safe..."
L’application, en service tout l’été, rassure plus qu’elle n’est utilisée et Abderahim n’est intervenu qu’une seule fois depuis le début de l’été : "C'était avec un mec qui avait bu un petit peu, et une femme nous a alertés..., se souvient-il. Et quand je suis arrivé, il me connaissait déjà et il savait que j'étais le médiateur. Il m'a dit 'Non, non, il n'y a pas de problème...' Je lui ai répondu qu'il avait été signalé..."
La police, jusqu'ici, n'a pas dû intervenir
Dans le pire des cas, la police peut intervenir, mais ce n’est pas encore arrivé. L’application, téléchargée plus d’un millier de fois l’année dernière, a vocation à s’étendre : quatre plages sont concernées cette année contre une seule l’an passé.
Nathalie Tessier, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à la lutte contre les violences faites aux femmes, voit bien l’utilité de la démarche : "Il y a eu un sondage de 2021 qui disait que 55 % des femmes ne voulaient pas aller seules sur la plage parce qu'elles étaient harcelées, embêtées, explique-t-elle. Donc, on a un réel problème. Le sexisme dit, avec plein de guillemets, 'ordinaire', fait le lit des violences sexistes et ça peut faire le lit très vite des violences sexuelles."
"On est en maillot de bain, donc il y en a qui croient que c'est le marché et qu'on vient se servir."
Nathalie Tessierà franceinfo
La mairie de Marseille consacre 117 000 euros de budget dans le dispositif Safer plage et réfléchit aussi à l’étendre ailleurs en ville, comme dans les transports en commun. Elle s'allie aussi avec seize associations féministes qui tiennent des stands sur les plages tout l'été pour faire de la prévention.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.