Soumission chimique : les kits de détection "vont apporter la preuve" qui manque aux victimes, estime la députée Sandrine Josso

Ces kits vont être remboursés par l'Assurance-maladie "dans plusieurs départements", à titre expérimental, a annoncé, lundi, le Premier ministre, en plein procès des viols de Mazan.
Article rédigé par franceinfo
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La députée Sandrine Josso au tribunal de Paris, le 6 novembre 2024, avant un face-à-face avec Joël Guerriau, sénateur qu'elle accuse de l'avoir droguée à son insu. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les kits de détection de soumission chimique "vont apporter la preuve" qui manque aux victimes, a estimé la députée MoDem Sandrine Josso, invitée de franceinfo lundi 25 novembre. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que ces kits seront remboursés par l'Assurance-maladie "dans plusieurs départements".

"Ce kit, il sera disponible dans toutes les pharmacies de France et il permettra d'avoir un parcours de soins fléché pour les victimes, un parcours aussi d'accès à la preuve pour pouvoir faire les bons gestes, aller au bon endroit. Faire en sorte que vos analyses de sang, vos analyses d'urine et, si besoin, vos analyses de cheveux soient interprétées par des experts en toxicologie", a expliqué Sandrine Josso.

En avril, puis en octobre avec le nouveau gouvernement, Sandrine Josso a été chargée par le gouvernement d'une mission pour lutter contre "le fléau de la soumission chimique". Elle défendait depuis longtemps la mise en place gratuite de ce kit de détection qui fournira des "flacons pour recueillir l'urine", des adresses utiles et "toute la marche à suivre" pour accéder à la preuve d'une soumission chimique. "Parfois il est trop tard pour pouvoir le prouver et on ne sait pas ce qu'on doit faire justement pour avoir des preuves", défend la députée.

La députée elle-même victime de soumission chimique

En novembre 2023, Sandrine Josso a déposé plainte contre le sénateur Joël Guerriau, en l'accusant de l'avoir droguée à son domicile. Depuis, l'élu a été mis en examen pour "administration d'une substance" afin de commettre "un viol ou une agression sexuelle", et placé sous contrôle judiciaire. "La chance que j'ai eue, c'est que je suis retournée à l'Assemblée nationale et que là, je me suis confiée à un de mes collègues députés qui m'a dit : 'Il faut que tu fasses des prises de sang tout de suite'", raconte l'élue parlementaire.

C'est pour cela que cette dernière défend la généralisation des kits de détection. Sandrine Josso s'estime chanceuse d'avoir eu comme premier contact après l'agression "quelqu'un qui était déjà averti. Mais c'est très rare d'avoir quelqu'un qui vous croit et qui vous dit quoi faire". La députée estime que pouvoir récolter les preuves d'une soumission chimique est beaucoup plus compliqué quand on habite loin d'un hôpital. "Ça me serait arrivé dans ma circonscription, à La Baule ou à Guérande, je n'aurais eu que mes yeux pour pleurer et ça, ce n'est plus possible", clame la députée.

Dépôt de plainte à l'hôpital : "Ça va aider"

Autre mesure, confirmée par Salima Saa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, invitée lundi sur franceinfo, puis par le Premier ministre Michel Barnier quelques heures plus tard, la généralisation du dépôt de plainte dans chaque hôpital français "doté d'un service d'urgence ou gynécologique".

"Objectivement, ça va aider", réagit Sandrine Josso. L'avancée avec cette mesure, selon la députée, c'est que la victime va pouvoir être accueillie par des personnes qui "savent l'écouter", avec des "personnes qui connaissent en fait tous les mécanismes de la sidération, tous les mécanismes du psycho-trauma, évidemment ça va faciliter les choses". La députée appelle désormais à "former les personnes qui vont accueillir les victimes dans ces hôpitaux" et aussi à "avoir les effectifs nécessaires avec des budgets pour le faire".

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