: Vidéo "Envoyé spécial" : un homme condamné pour avoir envoyé 818 mails à son ex
Des centaines de messages, des visites nocturnes, des menaces de mort… ou quand l'attachement tourne à l'obsession. Le harcèlement est aujourd'hui jugé comme un délit, et il existe des unités spécialisées où les officiers sont formés pour recueillir les plaintes. "Envoyé spécial" a suivi le quotidien de l'une d'elles pendant trois mois. Extrait.
Messages par centaines, visites nocturnes, menaces de mort… Le harcèlement, autrefois plus ou moins toléré, est aujourd'hui reconnu comme un délit. Au commissariat du 15e arrondissement, l’un des plus grands de Paris, il existe une unité spécialisée pour recueillir une intimité parfois difficile à dévoiler. Les équipes d’"Envoyé spécial" ont pu exceptionnellement filmer son quotidien pendant trois mois.
Frédéric, officier de police judiciaire, a participé à la création de cette unité il y a neuf ans. "De plus en plus, dit-il, on remarque que la parole se libère assez facilement, et plus rapidement qu'avant. Avant, les personnes mettaient du temps pour venir déposer plainte pour dénoncer des faits anciens." Depuis l'affaire Weinstein, qui a éclaté en octobre 2017, et le mouvement #balancetonporc, les plaintes ont augmenté de 20% au niveau national.
Le harceleur est convoqué immédiatement
La victime de harcèlement que Frédéric reçoit ce jour-là est venue dénoncer des faits qui se sont produits le jour même. "Je pense qu'il y a quelques années de ça, les femmes ne seraient pas venues le jour même ou le lendemain, explique l'officier de police. Elles auraient attendu que la famille ou les amis les incitent à le faire."
Immédiatement, Frédéric contacte le harceleur par téléphone pour le convoquer, le soir même ou le lendemain matin. Pris au dépourvu, celui-ci se dit "choqué". Ce cadre d'une trentaine d'années ne semble pas se souvenir d'avoir envoyé… 818 mails à son ex. Auditionné le lendemain en présence de son avocat, l'homme a affaire pour la première fois à la police. Il se pensait au-dessus de tout soupçon – victime, même, d'une passion malheureuse.
Le harceleur a été jugé en novembre 2018, et a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 1 500 euros de dommages-intérêts.
Extrait de "Le bureau des plaintes", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 15 novembre 2018.
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