Violences contre les femmes : un commissariat parisien met en garde contre les dénonciations mensongères, un affichage "maladroit"
Une mise en garde sur la peine encourue en cas de dénonciation mensongère avait été ajoutée sous une affiche incitant les femmes à "briser le silence".
Fallait-il y voir une forme d'intimidation ? Sollicitée par franceinfo, la préfecture de police de Paris a reconnu, jeudi 31 mai, "un acte maladroit". En cause : un message accompagnant une affiche incitant les femmes victimes de violences à "briser le silence" et qui met en garde sur la peine de prison encourue en cas de dénonciation mensongère. Ce double affichage avait été repéré, quelques jours plus tôt, dans une salle d'attente du district de police judiciaire du 14e arrondissement de Paris.
Salle d'attente du commissariat, briser le silence peut coûter cher #femmes #plainte pic.twitter.com/HoFNSnjllt
— Laure Heinich (@LaureHeinich) 26 mai 2018
"J'ai trouvé ça fou, vu le contexte actuel, raconte à franceinfo l'avocate Laure Heinich, qui a partagé le cliché. Ce n'était peut-être pas volontaire et cela ne veut pas dire que les policiers travaillent mal. Mais c'était extrêmement déplacé, surtout dans une salle d'attente, un endroit où l'on se sent mal quand on a trouvé le courage de surmonter toutes ses peurs pour venir porter plainte. Une salle d'attente ne doit pas être un lieu qui inspire la crainte."
La police fait retirer l'affichette
Tout en soulignant que de tels rappels législatifs ont "vocation à être affichés" dans les commissariats, la préfecture de police de Paris annonce avoir fait "retirer" la feuille sujette à polémique et avoir "fait le nécessaire" pour que ce type de "maladresse" ne se "reproduise pas".
Pour le Collectif féministe contre le viol, qui avait participé, aux côtés de la police, à la campagne contre les violences faites aux femmes, il ne suffit pas de retirer cette seule feuille. "Il faut enlever ce papelard de tous les commissariats", lance la présidente du Collectif, Emmanuelle Piet, qui assure à franceinfo qu'elle "demande régulièrement [un tel retrait] à la préfecture de police de Paris depuis trente ans".
Des femmes m'ont dit qu'en le voyant elles avaient pris ça comme un message du genre 'Sale menteuse, tu vas faire deux ans de taule si tu maintiens ta plainte'.
Emmanuelle Pietà franceinfo
En avril, le mouvement féministe Groupe F avait publié des centaines de témoignages de femmes racontant leurs difficultés à porter plainte pour violences sexuelles. Comme le rappelait franceinfo dans une enquête sur la formation spécifique des policiers et des gendarmes, une charte prévoit, depuis 2004, un "accueil privilégié" dans les commissariats pour les "victimes d'infractions pénales". Dans cette même enquête, un magistrat soulignait pour sa part qu'"un certain nombre de plaintes sont calomnieuses" et que la formation était un enjeu important pour les repérer.
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