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Violences sexuelles : "La société est en train de bouger de manière extrêmement rapide", estime Caroline de Haas

La militante féministe Caroline de Haas a expliqué, jeudi sur franceinfo, que la hausse du nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles enregistrées par les forces de l'ordre en 2018 ne signifie pas qu'il y a plus de violences, mais que les gens en parlent plus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Caroline de Haas, féministe et cheffe d’entreprise.    (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles enregistrées par les forces de l'ordre est en "forte hausse" en 2018, révèlent les données statistiques du ministère de l'Intérieur publiées, jeudi 31 janvier. Les plaintes pour viols ont augmenté de près de 17% et celles pour agressions sexuelles ont bondi d'environ 20%. Pour Caroline de Haas, militante féministe #NousToutes, ces chiffres ne sont pas "forcément le signe qu'il y a eu plus de violences", mais que "la société est en train de bouger".

franceinfo : Que pensez-vous de cette augmentation du nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles ?

Caroline de Haas : C'est le signe que la société est en train de bouger de manière extrêmement rapide. Ce n'est pas forcément le signe qu'il y a eu plus de violences sexuelles en 2018 que les années précédentes, mais c'est le signe que les femmes vont beaucoup plus qu'avant porter plainte. Sans doute que leurs plaintes sont prises plus au sérieux. Donc la société est en train de changer dans son regard sur les violences sexistes et sexuelles. On les prend plus au sérieux et les victimes arrivent plus à les détecter.

Les femmes ont-elles moins peur d'aller porter plainte ?

La première chose, c'est que le niveau de connaissance de notre société sur les violences progresse. Lorsqu'on était victime d'une agression sexuelle il y a 5 ou 10 ans on ne mettait pas forcément le mot agression sexuelle dessus. Aujourd'hui, plus qu'avant, on connaît les faits, on est capable de les définir et d'en comprendre la gravité. À la suite des enquêtes qui ont été menées sur l'accueil des femmes dans les gendarmeries et les commissariats, on a pris conscience qu'il y avait encore un gros effort à faire de la part des forces de l'ordre pour prendre les plaintes au sérieux. Sans doute qu'entre la vague #MeToo, les enquêtes, les mobilisations des associations féministes, la société petit à petit est en train de bouger.

Qu'est-ce qui a déclenché ce changement dans la société ?

Dans les années 80, il y a eu des grandes mobilisations féministes sur la question du viol qui ont débouché sur une loi qui a fait du viol un crime. Dans les années 90, il y a eu des campagnes autour du viol conjugal qui ont permis une reconnaissance de ce viol. Donc, les mobilisations sur les violences ont été continues depuis des dizaines d'années et #MeToo a la particularité d'avoir été un accélérateur mondial en matière de prise de conscience contre les violences sexistes et sexuelles. Il y a eu un avant et il y aura un après #MeToo.

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