La polémique Zemmour en six actes
i-Télé a choisi d'arrêter sa collaboration avec le polémiste dans le cadre de l'émission "Ca se dispute".
La polémique se poursuit. La chaîne d'information en continu i-Télé a annoncé, vendredi 19 décembre, mettre fin à sa collaboration avec Eric Zemmour. Le chroniqueur a provoqué une vague d'indignations après des propos controversés sur les musulmans. Retour sur une polémique en six actes.
Acte 1. Le mot "déportation" apparaît dans une interview de Zemmour en Italie
Dans un entretien au journal Corriere della Sera (en italien), paru le 30 octobre, Eric Zemmour estime qu'en France, les musulmans "vivent entre eux, dans les banlieues", affirmant que "cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile".
Au cœur du futur scandale, un mot précis : "la déportation". Dans l'article, à la question du journaliste : "Mais alors que suggérez-vous de faire : déporter 5 millions de musulmans français ?", le polémiste répond : "Je sais, c'est irréaliste, mais l'histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu'un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ?"
Cet entretien, passé inaperçu en France jusque-là, est exhumé par le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, le 15 décembre. Il le relaie sur son blog, dans un post intitulé : "Zemmour se lâche en Italie : déporter cinq millions de musulmans ? Ça peut se voir !" Dès le lendemain, le ministre de l'Intérieur condamne "avec une extrême fermeté" les propos d'Eric Zemmour.
Acte 2. "J'ai ajouté le mot 'déportation'", admet le journaliste italien
Interrogé par le Figaro Vox, mercredi 17 décembre, le journaliste italien Stefan Montefiori avoue ne pas avoir prononcé le mot "déportation" lors de l'entretien, mais l'avoir ajouté a posteriori, au moment de la rédaction.
Le journaliste s'explique en ces mots : "Je lui ai posé la question suivante: 'Mais vous ne pensez pas que ce soit irréaliste de penser qu'on prend des millions de personnes, on les met dans des avions…' ; il ajoute: 'ou dans des bateaux', et je reprends: 'pour les chasser?' Ce que j'ai résumé dans la formule qui fait scandale."
Acte 3. Des associations demandent un boycott
Les propos provoquent l'indignation de plusieurs associations. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), ou encore le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) annoncent vouloir porter plainte.
Acte 4. Zemmour dénonce "une manipulation"
Invité sur RTL, jeudi 18 décembre, le polémiste s'explique et condamne une "manipulation fantastique", dont il serait victime. "On m'a accusé d'avoir dit un mot que je n'ai pas prononcé, on m'a accusé ensuite de ne pas avoir contredit un mot, mais qui n'a même pas été prononcé. C'est une histoire extraordinaire", se défend Eric Zemmour.
"Cette idée qui nous choque tous n'est pas la vôtre ? insiste le journaliste Yves Calvi. Vous ne souhaitez pas, vous ne demandez pas le départ des musulmans ou des Maghrébins de notre pays ?" "De toute façon, je ne souhaite ni ne demande rien du tout", répond Eric Zemmour.
Acte 5. i-Télé met fin à sa collaboration avec Zemmour
La chaine d'information en continu décide vendredi 19 décembre de mettre fin à sa collaboration avec son chroniqueur Eric Zemmour. "i-Télé a décidé de mettre fin à l'émission 'Ça se dispute', qui ne reprendra pas en janvier 2015", écrit la chaîne dans un communiqué sans donner plus de détails.
Dans Le Monde, Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-Télé revient sur la décision de la chaîne de mettre un terme à la collaboration de Eric Zemmour. Elle explique que "Ca se dispute" est une émission de débat. Or "on a de moins en moins le sentiment qu’on peut débattre. Le dialogue est devenu de plus en plus difficile, voire impossible."
Acte 6. Des personnalités se mobilisent en faveur de Zemmour
Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, le député UMP Eric Ciotti et Christine Boutin, protestent, sur Twitter, contre l'arrêt de l'émission d'Eric Zemmour sir i-Télé.
Louis Alliot, le vice-président du FN, appelle même à boycotter la chaîne d'information.
Après l'éviction de Zemmour, je raye ITÉLÉ dés a présent de mes sources d'information. J'invite les démocrates à en faire de même !
— Louis Aliot (@louis_aliot) 19 Décembre 2014
A gauche, si beaucoup saluent au contraire cette décision, l'ex-député écologiste Daniel Cohn-Bendit, chroniqueur sur Europe 1, se démarque. Il prend fait et cause pour le polémiste Eric Zemmour. "Je me dois de défendre la présence de Zemmour dans l'espace public que cela me fasse mal ou pas", dit-il.
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