Soupçons d'un financement libyen de Sarkozy : une information judiciaire ouverte
Les soupçons pèsent sur un éventuel financement de la campagne présidentielle, en 2007. Francetv info revient sur l'affaire.
Nouvelle étape judiciaire dans le dossier politico-financier d'un supposé financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 19 avril, une vaste information judiciaire contre X pour "corruption", "blanchiment", "trafic d'influence" et "abus de biens sociaux". Elle sera menée par les juges d'instruction Serge Tournaire et René Grouman, selon des informations de Mediapart. Retour sur l'affaire.
Les accusations du fils Kadhafi
En mars 2011, le "printemps arabe" a gagné la Libye. Une coalition occidentale est sur le point d'intervenir dans le pays contre le régime de Mouammar Kadhafi. Deux jours avant l'intervention militaire, Seif Al-Islam Kadhafi, un fils du dictateur, tente le tout pour le tout en menaçant Nicolas Sarkozy de dévoiler des preuves d'un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007 par le gouvernement libyen. Il déclare dans une interview à Euronews : "Tout d’abord, il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. (...) Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement."
Les "preuves" de Mediapart et de Ziad Takieddine
En pleine campagne présidentielle, en avril 2012, le site d'informations Mediapart publie un document officiel libyen (article payant), datée de 2006, qui prouverait le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi.
La lettre donne un "accord de principe" aux instructions "concernant l’approbation d’appuyer la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles, Monsieur Nicolas Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros". Selon le site, les modalités de versement auraient été négociées avec Brice Hortefeux, et Ziad Takieddine se serait occupé de mettre en relation les deux partis.
Nicolas Sarkozy avait réagi avec virulence aux accusations de Mediapart, qualifiant "d'officine de la gauche" et le document fourni de "montage" et d'"infamie". Il avait porté plainte dans la foulée contre le site d'informations. "50 millions d'euros ! Pourquoi pas 100 ? Pour une campagne qui en vaut 20 !", assène le président alors candidat à sa réélection sur le plateau de Canal +.
Rebondissement le 19 décembre : Ziad Takieddine, le sulfureux homme d'affaires au cœur de l'affaire Karachi, affirme détenir des preuves du financement par la Libye de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Il a réaffirmé ces accusations en avril 2013. Mais pour autant, l'intermédiaire ne compte pas dévoiler les documents, dit-il, car il n'a pas confiance en la justice.
Déjà deux enquêtes en cours
La première enquête dans cette affaire vise Mediapart, pour "faux et usage de faux". Elle fait suite au dépôt de plainte de Nicolas Sarkozy, le 30 avril 2012. L'enquête a depuis été élargie et a conduit aux perquisitions des domiciles de Claude Guéant en février et Ziad Takieddine le 11 avril.
Le juge Van Ruymbeke a ouvert une instruction début décembre à l'encontre de Ziad Takieddine pour des faits de blanchiment et de corruption. Celui-ci avait été arrêté le 5 mars 2011, avec 1,5 million d'euros en espèces, en provenance de Libye.
La nouvelle enquête, ouverte vendredi 19 avril, concerne plus précisément le financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Assez large, elle porte sur des charges de "corruption active et passive", "trafic d'influence", "faux et usage de faux", "abus de biens sociaux", "blanchiment, complicité et recel de ces délits" mais ne vise personne nommément, a annoncé une source judiciaire. Le document publié par Mediapart ne sera pas pris en compte dans la nouvelle instruction puisqu'il fait déjà l'objet d'une enquête.
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