Basket : le championnat de France face au défi de l'après-Wembanyama
Jeudi 15 juin 2023, Monaco décroche son premier titre de champion de France de basket dans un écrin majestueux. Sur le court Philippe-Chatrier, central de Roland-Garros, les Monégasques dominent les Metropolitans 92 de Boulogne-Levallois, club de Victor Wembanyama pendant un an. Le troisième match de la finale de Betclic Elite marque également la dernière rencontre en France du prodige, sélectionné une semaine plus tard à la première place de la Draft NBA.
Samedi 15 septembre, la Betclic Elite reprend ses droits sans l'attraction numéro un de la saison précédente. "Wemby" est désormais parti voler de ses propres ailes de l'autre côté de l'Atlantique, aux San Antonio Spurs. Pour le championnat de France, le risque de retrouver un certain anonymat point après une saison sans nul autre pareil. L'exposition de la première division avait atteint un niveau rare : matchs des Mets diffusés sur le NBA League pass - la plateforme de diffusion de la ligue nord-américaine -, salles pleines, parterre de stars à chaque match de l'intérieur de 19 ans (2,22 m sans chaussures). "C'est un tournant, une année charnière", admet Philippe Ausseur, président de la Ligue nationale de basket (LNB) depuis la fin juin.
Le boom Wembanyama a failli faire imploser les Mets
Aux Metropolitans, le retour sur terre a pourtant été brutal. Dans les semaines qui ont suivi le départ de Victor Wembanyama, le club des Hauts-de-Seine a vécu dans l'inquiétude d'une possible disparition. Il a fallu attendre fin juin pour qu'il obtienne l'aval de la DNCCG (Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion), le gendarme financier, de repartir en Betclic Elite. Le problème n'était pas tant économique que la conséquence de tensions entre les mairies de Boulogne et de Levallois.
"On part d'une page blanche. Il faut tout refaire, tout reconstruire dans des délais assez courts", pose Laurent Foirest. Le vice-champion olympique 2000 avec l'équipe de France a été intronisé entraîneur au cœur du mois de juillet, succédant sur le banc au sélectionneur Vincent Collet. Le manageur général, Alain Weisz, a également quitté ses fonctions. Seul l'arrière Lahaou Konaté était encore sous contrat. Le recrutement a donc été fait à la hâte après une saison entièrement tournée autour du projet "Wemby".
"Les gens en parlent toujours, confirme Axel Toupane, médaillé de bronze au Mondial 2019 et une des recrues. Après, c’est une nouvelle ère. À nous d’écrire notre histoire. Oui, peut-être qu’Omar Sy ne viendra plus aux matchs (rires) mais on va tout faire pour que les fans viennent."
Un nouveau diffuseur pour les sept prochaines années
Pour autant, Philippe Ausseur souhaite "éviter de mettre trop d'emphase sur le fait qu'il y a une rupture". "Victor Wembanyama a été une superbe comète mais il a joué dans un championnat qui a existé et qui va continuer d'exister, insiste-t-il. On ne va pas se mentir, ça a été une superbe exposition qui a fait venir un nouveau public. Il faut qu'on arrive à en faire rester beaucoup. Il faut voir Victor comme une opportunité qui a permis de mettre un coup de projecteur sur de belles compétitions.
La LNB se veut confiante concernant le développement du basket professionnel français dans les années à venir, même sans le MVP du dernier championnat. L'objectif est clair, annoncé par le président en personne : "Devenir la Ligue de référence en Europe."
La Betclic Elite a des raisons de croire en la réussite d'une telle ambition. Dans un premier temps, la Ligue nationale de basket a retrouvé un diffuseur payant pour la première fois depuis la fin de son contrat avec RMC Sport, à l'été 2020. Skweek et La chaîne L'Equipe se sont engagés jusqu'en 2030 aux côtés de la LNB. La plateforme créée l'an dernier par Fedcom média - une filiale de la société Fedcom dont le propriétaire Aleksey Fedoricsev est aussi le propriétaire de l'AS Monaco basket -, diffusera l'intégralité des rencontres. La chaîne en clair retransmettra, elle, un match par journée de championnat, le All Star-Game, dix matchs de playoffs et trois de Leaders Cup.
L'instance touchera une somme avoisinant 1,3 million d'euros pour cette saison. "Les droits TV sont progressifs et monteront jusqu'à environ 3 millions", ajoute Philippe Ausseur. "La programmation ressemble à celle qui était réservée aux grands sports. On entre dans cette caste car la Betclic Elite va être diffusée et produite à 100 % avec des moyens de qualité", se réjouit Fabrice Jouhaud, directeur général de la LNB.
L'attraction Kemba Walker
De son côté, la rivalité entre l'Asvel et Monaco ne cesse de grimper. Les premiers sortent d'une saison compliquée (élimination en demi-finales du championnat, dernier d'Euroligue, vainqueur de la Leaders Cup) mais ont annoncé un budget supérieur à 20 millions d'euros pour la première fois. Les seconds, forts de leur premier sacre hexagonal, rêvent du titre en C1 au point d'avoir attiré cet été le plus gros CV de l'histoire du championnat de France : Kemba Walker, ancien joueur de Charlotte passé aussi par Boston, New York ou Dallas..
"Quand on s'appelle Monaco, on ne peut être surpris car ils ont une force financière et des ambitions qui leur permettent de prendre des joueurs auxquels on n'aurait jamais pensé", apprécie Mam Jaiteh, nouveau coéquipier du quadruple All-Star NBA.
Enfin, la Betclic Elite sera le terrain d'expression de nombreux jeunes prometteurs. Zaccharie Risacher (18 ans, Bourg-en-Bresse), Melvin Ajinça (19 ans, Saint-Quentin), Armel Traoré (20 ans, Blois), Tidjane Salaun (18 ans, Cholet) ou encore Illan Pietrus (18 ans, Strasbourg) visent la Draft NBA à plus ou moins long terme avec, pour certains, la possibilité d'être sélectionné en bonne position. "On a vu avec Wembanyama (1er) et Bilal Coulibaly (7e), à la dernière Draft, que les jeunes français sont excellents. C'est important de le mettre en valeur", estime Fabrice Jouhaud. Dans l'idée, qu'un jour, une nouvelle comète vienne illuminer le championnat de France.
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