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"Le pavé est identitaire des gens du Nord" : comment Paris-Roubaix est devenu la vitrine de toute une région

Des centaines de milliers de spectateurs sont attendus ce week-end au bord des routes de la course mythique, qui, au fil du temps est devenue un moyen de sauvegarder le patrimoine.... et la vitrine de toute une région.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier, édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le peloton dans le secteur pavé de la tranchée d'Arenberg,  lors de la course cycliste Paris-Roubaix, le 3 octobre 2021.
 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

C'est "L'enfer du Nord". Du moins pour les coureurs qui, dans la boue, sous la pluie, leurs guidons tremblotants, évitent les fameux pavés. Car sinon, Paris-Roubaix fait rêver les amateurs de cyclisme. Et cette 119e édition qui doit se tenir sous le soleil ce week-end, depuis Denain, samedi, pour la course féminine et Compiègne, dimanche, pour les hommes, ne va pas échapper à l'enthousiasme des milliers de spectateurs attendus, au fil des routes du Nord.

>> Paris-Roubaix : secteurs mythiques, pépites moins connues... Où se placer pour vivre au mieux la course en tant que spectateur ?

Au programme : quelques 250 km de course pour la reine des classiques cyclistes et ses fameux secteurs pavés, comme la tranchée d'Arenberg. Autant de noms et de secteurs devenus mythiques au fil des années, car la course s'est muée en vitrine de toute une région et un moyen de sauvegarder son patrimoine.

L'échappée de Paris-Roubaix 2021 à l'entrée d'un secteur pavé, le 3 octobre  (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG via AFP)

Des portraits géants de mineurs ont été peints en blanc pour ce week-end sur le tracé de la course afin de célébrer les dix ans de l'inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l'Unesco. Rien d'étonnant à cela, souligne l'historien du cyclisme Pascal Sergent, tant la course avec ses champions, le visage noirci par la poussière, a construit sa légende dans le sillage des gueules noires. "Paris-Roubaix représente l'effort, les difficultés à vaincre. Et c'est à l'image de la région, puisque la région a eu beaucoup de challenges à relever, que ce soit en matière industrielle, que ce soit en matière de développement. Ils assimilent un peu la difficulté des coureurs à la difficulté qu'ils ont pu connaître", plaide-t-il.

"Sans la course, tous les pavés auraient disparu"

Une dureté symbolisée, bien sûr, aussi par les pavés tant redoutés, devenus au fil du temps emblèmes d'une région. Eux, justement, que les politiques ont pourtant longtemps voulu faire disparaître, raconte François Doulcier, le président des Amis de Paris-Roubaix. "S'il n'y avait pas eu Paris-Roubaix, je pense que quasiment tous les pavés auraient disparu. Dans les années 70, on chassait les pavés. Ils étaient systématiquement quasiment recouverts de macadam. Le pavé est identitaire des gens du Nord. Si on supprime les pavés, c'est comme si on rayait 150 ans de notre histoire", détaille-t-il. C'est d'ailleurs l'un d'eux que l'on remet au vainqueur de la course, comme Sonny Colbrelli, tenant du titre en octobre 2021 et victime d'un arrêt cardio-respiratoire en mars 2022.

Sonny Colbrelli célèbre sa victoire, pour la 118e édition de Paris-Roubaix. (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG)

La course permet aujourd'hui avec l'aide des bénévoles et du lycée horticole de Raismes d'entretenir quelque 100 kilomètres de secteurs pavés, investis depuis plusieurs jours déjà par les camping-cars. 

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