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Tour des Flandres : Tadej Pogacar, quatre questions sur sa première participation au Monument belge

Le prodige slovène de 23 ans s'alignera pour la première fois sur un Monument pavé, dimanche, entre Bruges et Audenarde.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Tadej Pogacar a couru sa première course sur pavés lors d'A travers la Flandre, le 30 mars 2022. (POOL TIM DE WAELE / BELGA MAG / AFP)

Tadej Pogacar enfin sur le "Ronde". Le prodige slovène, double vainqueur du Tour de France, dispute, dimanche 3 avril, son premier Tour des Flandres. C'est un événement, alors que la superstar est plus attendue sur les courses par étapes ou les classiques vallonnées. Mais l'enfant de Komenda, commune située à quelques encablures de la capitale slovène Ljubljana, veut enfin briller sur le pavé. Voici quatre questions sur la participation du Slovène à son premier Tour des Flandres.

Est-il parmi les favoris de la course ?

Avec une seule course à son actif sur les pavés, un coureur lambda n'aurait pas son nom cité parmi les plus grandes chances de victoire. Mais Tadej Pogacar est de ceux qui apprennent vite et détestent attendre. Ce qui fait de lui, pour son premier Tour des Flandres, un véritable outsider derrière les cadors. "Je pense qu’il fait partie des favoris avec Mathieu van der Poel", se mouille Gilbert Duclos-Lassalle, double vainqueur de Paris-Roubaix (1992 et 1993). Et Bernard Hinault de se prononcer aussi : "Pourquoi pas favori ? On ne sait pas car il ne l'a jamais fait. Je pense qu’il va calquer sa course sur celle d’un favori et attaquer au dernier moment." 

Wout Van Aert, positif au Covid-19, a finalement dû jeter l'éponge. Mais Pogacar aura en Mathieu van der Poel ou Kasper Asgreen, deux roues déjà couronnées de succès sur cette épreuve, derrière lesquelles se calquer. Johan Museeuw, triple vainqueur de l'épreuve (1993, 1995 et 1998), a également confirmé le statut du Slovène, lundi, à Cycling Weekly : "Il est presque dans la même position d'ultrafavori que Wout van Aert (avant son forfait). Il a une bonne préparation et il a déjà été très fort cette année. Il y a une chance que le gagnant de cette année soit un vainqueur de Grand Tour comme Pogacar", s'est avancé le Lion des Flandres.

Son inexpérience peut-elle lui coûter ?

"Pogi" a participé mercredi à A travers la Flandre, sa première course en carrière sur les pavés flandriens. S'il n'a pas été dans le bon coup, le leader de la formation UAE Team Emirates a terminé 10e dans un deuxième groupe. Le Slovène n'a pas pu se trouver aux côtés des Van der Poel et autres Pidcock, la faute à un placement hasardeux. Une première promesse avant d'affronter le mythique Tour des Flandres ? 

"Ce qui est important sur le Tour de Flandres, c’est l’approche des monts et le placement, explique Gilbert Duclos-Lassalle, septième du Ronde en 1980. Mais il est arrivé en Belgique avant la course et c’est un garçon intelligent. Avec les reconnaissances, il pourrait bien s’en sortir."

Pour Bernard Hinault aussi, le jeune homme pourrait bien se révéler en flahute, dimanche, sur les Vieux-Quaremont et autres Kruisberg : "Quand on voit ce qu’il a déjà fait, on peut tout à fait penser qu’il en soit capable. Par exemple, il n’avait jamais fait les Jeux olympiques et il termine troisième. Il n’avait jamais couru aux Strade Bianche et il les gagne."

"Ça nous fait rêver qu’un gars qui a gagné deux fois le Tour de France puisse remporter un Tour des Flandres."

Bernard Hinault

à franceinfo: sport

Pour le Pyrénéen Duclos-Lassalle, la course du jeune homme va aussi se jouer sur un autre aspect : "Un des facteurs déterminants de la course est que, cette saison, l’équipe Quick Step-Alpha Vinyl est moins forte que les autres années. Il reste cependant de superbes équipes, avec la Jumbo-Visma notamment. La chance de Pogacar dans tout cela, c’est qu’il sera l’arbitre entre toutes ces formations." 

Un caractère insouciant, son atout majeur ?

Tadej Pogacar n'a que 23 ans mais compte déjà 37 victoires chez les professionnels, en seulement trois saisons. Mais il a toujours, malgré tout, une forme de folie qui le pousse, comme lors des Strade Bianche, à casser les codes et attaquer loin de l'arrivée. "C’est le coureur que l’on attendait. Aujourd’hui, il a prouvé qu’il savait tout faire", résume le Blaireau, avant d'ajouter : "C’est toute une génération, avec Wout Van Aert également. Ils ne sont plus des gars qui, il y a quelques années, ne s’intéressaient qu’aux Grands Tours et ne pouvaient pas gagner sur d’autres styles de courses."

"Le fait qu'il soit jeune peut lui servir", assène le quintuple vainqueur du Tour de France, avec conviction. Cependant, pour Gilbert Duclos-Lassalle, le début de saison extraordinaire du Slovène peut lui faire défaut : "Pogacar est jeune mais il n’est pas un inconnu. On ne va pas le laisser manœuvrer pour autant." Le double vainqueur sortant du Tour de France a beaucoup d'atouts dans sa musette : "Il va monter les monts comme un puncheur, c’est un garçon qui vient aussi du VTT donc qui est agile. Pogacar est un acrobate, il sait frotter et, pour gagner un Tour des Flandres, il faut savoir frotter. Dans les bordures, il est toujours là, et il sait jouer d’homme à homme", prédit Duclos-Lassalle.

"Tadej Pogacar est le nouveau Cannibale. S'il termine la saison comme il l'a commencée, il va faire quelque chose que l'on n'a plus vu depuis bien des années."

Gilbert Duclos-Lassalle

à franceinfo: sport

Quelle expérience en vue de l'étape du Tour ?

Une interrogation est aussi venue lorsque Tadej Pogacar a annoncé sa participation au Tour des Flandres : prépare-t-il la cinquième étape du prochain Tour de France entre Lille et Arenberg-Porte du Hainaut, où onze secteurs pavés figureront au programme ? Les avis des spécialistes divergent. Gilbert Duclos-Lassalle tempère : "Une étape du Tour ne se dispute pas comme un Paris-Roubaix ou un Tour des Flandres. Sur le Tour, les spécialistes prennent leur leader dans la roue puis ralentissent l’allure hors des secteurs pavés pour les faire souffler."

Les exemples sont nombreux avec notamment l'épopée de Lars Boom et Vincenzo Nibali en 2014, et la désillusion des frères Schleck avec Fabian Cancellara en 2010. Pour Bernard Hinault, "il vient prendre des repères pour le Tour de France : savoir à quelle vitesse rentrer dans un secteur, quel braquet choisir..." Et le Breton ne s'arrête pas là : "Il peut même devenir le coureur à battre dans les prochaines années sur les classiques pavées."

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