Fifa : la folle semaine qui a fait tomber Sepp Blatter
Le président de la Fifa abordait, mardi dernier, le congrès de l'institution quasi assuré de sa réélection. Une semaine plus tard, après avoir tenté de survivre à un scandale de corruption, il a fini par présenter sa démission.
Sepp Blatter ne sera bientôt plus président de la Fifa. Le Suisse a annoncé, mardi 2 juin, qu'il allait démissionner, et qu'un congrès serait organisé pour désigner son successeur (entre décembre 2015 et mars 2016, selon un responsable de la Fifa).
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Cette déclaration signe la fin d'un règne de dix-sept ans à la tête du football mondial, dont personne n'imaginait, une semaine plus tôt, lors de sa réélection, qu'il se terminerait si vite. Retour sur la semaine où le football mondial a basculé.
Mercredi 27 mai : sept responsables de la Fifa arrêtés pour corruption
A la veille de l'ouverture de son congrès, la Fifa se réveille dans la stupeur. Six hauts responsables de la fédération internationale de football sont arrêtés au réveil par la police suisse dans leur hôtel de Zurich, où sont réunis tous les pontes de l'organisation. Un septième sera interpellé dans la journée. Parmi ces sept cadres, on trouve notamment le vice-président de la Fifa, Jeffrey Webb.
Ces arrestations sont ordonnées par la justice américaine, qui met en cause, au total, 14 personnes du monde du football pour des faits de corruption présumée, essentiellement au sein de la Concacaf, la fédération régionale de la Fifa en charge de l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes, dirigée par Jeffrey Webb. Des fraudeurs démasqués grâce, notamment, à une taupe du FBI au sein de la Concacaf, l'américain Chuck Blazer.
Mais on apprend aussi, en parallèle, que la justice suisse a ouvert une enquête sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. La Fifa joue l'exemplarité : onze personnes sont suspendues de toutes activités liées au football, et Sepp Blatter déplore "un moment difficile pour le football."
Jeudi 28 mai : Sepp Blatter plaide la bonne foi
Dans son discours d'ouverture du congrès de la Fifa, le président de l'institution amorce sa défense : il ne pouvait pas "surveiller tout le monde", assure-t-il, à propos notamment de son vice-président. "Les prochains mois ne seront pas faciles pour la Fifa. Je suis sûr que d'autres mauvaises nouvelles sont à venir", prévient-il, visionnaire.
Vendredi 29 mai : le Suisse largement réélu
Malgré le soutien de nombreuses figures du football, dont le patron de l'UEFA Michel Platini, le prince Ali de Jordanie échoue dans sa conquête de la Fifa. Sepp Blatter est largement réélu devant cet unique rival. Le Suisse récolte 133 voix contre 79 pour Ali, qui se retire au second tour. "Pendant quatre ans, je serai aux commandes de ce navire qu'est la Fifa. Nous allons ramener ce navire à bon port", promet-il.
Juste après cette victoire, Sepp Blatter livre une interview à la télévision suisse où il se fait plus offensif. Il se dit "choqué" par les accusations de la justice américaine, et pointe "des signes qui ne trompent pas" : "Les Américains étaient candidats à la Coupe du monde de 2022 et ils ont perdu" et "n'oublions pas qu'ils sont le sponsor numéro un du Royaume hachémite, donc de mon adversaire [le prince Ali]". "Cette affaire ne sent pas bon", conclut-il. Il dénonce aussi la "haine" venue de l'UEFA, présidée par Michel Platini.
Lundi 1er juin : le scandale se rapproche de Blatter
Rebondissement dans le scandale de corruption. Le New York Times (en anglais) affirme, lundi 1er juin, que le secrétaire général de la Fifa et bras droit de Sepp Blatter, le Français Jérôme Valcke, serait à l’origine du transfert en 2008 de 10 millions de dollars vers Jack Warner, vice-président de la Fifa à l’époque, dans le cadre de l’attribution de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. La Fifa reconnaît l'existence d'un transfert d'argent de ce montant, mais nie toute implication de Jérôme Valcke.
Mardi 2 juin : Blatter se met hors-jeu
Au lendemain de ces révélations, et malgré les dénégations de la Fifa, Sepp Blatter annonce sa démission à la surprise générale, lors d'une conférence de presse. Officiellement, il cède la place car son mandat "n'a pas le soutien de l'intégralité du monde du football, (...) des supporters, des joueurs, des clubs, de tous ceux qui vivent, qui respirent et aiment le football autant que nous tous à la Fifa".
Mais ce motif ne convainc pas tout le monde. Selon Jean-Michel Larqué par exemple, consultant chez RMC, cet argument est "fallacieux". Le journaliste estime que le futur ex-président de la Fifa "sentait que le danger se rapprochait de lui".
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