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Coupe du monde : pourquoi le Brésil a-t-il perdu (et aussi violemment) face à l'Allemagne

Le pays est sous le choc après la lourde défaite de la Seleçao (7-1) en demi-finale du Mondial. Francetv info revient sur les raisons de cette déroute.

Article rédigé par Carole Bélingard, Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
David Luiz et Luiz Gustavo sont abattus après la lourde défaite (7-1) du Brésil face à l'Allemagne, le 8 juillet 2014 au stade du Belo Horizonte.  (DAVID GRAY / REUTERS)

Balayée. La Seleçao a été éliminée de "sa" Coupe du monde, et de quelle manière, contre l'Allemagne, mardi 8 juillet, à Belo Horizonte. Le score ? Sept buts à un. Une "honte nationale", pour la presse brésilienne"Honnêtement, c'est difficile à expliquer. On ne peut pas expliquer l'inexplicable", a résumé le gardien brésilien, Julio César, après la rencontre. Francetv info avance quelques pistes.

Parce que l'attaque n'est pas la meilleure défense

Sur le premier but, à la 11e minute, Marcelo, l'arrière gauche brésilien, perd le ballon en attaque. Le joueur du Real Madrid adore dribbler et se projeter vers l'avant. Manifestement, il aime moins défendre. L'Allemagne récupère la balle, donc, et contre-attaque. Marcelo revient bien, mais il est forcé de concéder un corner. C'est sur ce coup de pied arrêté que Thomas Müller, lâché de son marquage par David Luiz, inscrit le premier but d'une longue série.

David Luiz est un autre défenseur de la Seleçao qui aime jouer vers l'avant. Cette saison, avec Chelsea, José Mourinho le faisait évoluer au poste de milieu défensif. Un rôle dans lequel il excellait. Avec le Brésil, la nouvelle recrue du PSG a été replacée en défense centrale avec... Thiago Silva, un autre Parisien. Si ce dernier était suspendu mardi soir, remplacé par le catastrophique Dante (pas très bon déjà lors de la défaite 4-0 du Bayern Munich contre le Real Madrid), reste que cette future charnière 100% brésilienne du club de la capitale n'a pas donné totale satisfaction. Loin de là...

Parce qu'il a complètement craqué sous la pression

"Après le premier but, nous avons eu un trou noir, personne ne s'y attendait", commente le portier des Auriverdes, cité par L'Equipe. Douze minutes plus tard, l'Allemagne en profite et enfonce le clou. Klose frappe, Julio César repousse bien cette première tentative mais il renvoie la balle dans les pieds de l'attaquant allemand qui le crucifie sur sa seconde chance. Avec 16 réalisations, Klose dépasse Ronaldo au classement et devient le meilleur buteur de l'histoire du Mondial. Le Brésil est déjà K.-O.

Les joueurs ne bougent plus, ont la tête basse. La Seleçao encaisse alors trois nouveaux buts en 6 minutes. Explication de Joachim Löw, le sélectionneur allemand : "A 2-0, ils étaient sens dessus dessous, ils ont perdu leur organisation, et on s'en est froidement servi. On a profité de l'immense pression qui pesait sur l'équipe hôte."

"Ce que je voulais le plus dans cette compétition était de donner une joie à mon peuple en remportant le titre. Tous les cœurs souffrent aujourd’hui"s'est excusé David Luiz, capitaine d'un soir, après cette élimination. Preuve que cette victoire au Mondial, à domicile, attendue par 200 millions de Brésiliens, a peut-être trop pesé sur les épaules des joueurs.

Cause ou conséquence de cette pression, l'équipe a affiché une surprenante fragilité émotionnelle. Plusieurs joueurs ont, en effet, fondu en larmes après la victoire aux tirs aux buts face au Chili. Un psy a même été appelé à la rescousse. 20 Minutes pointe également la responsabilité des dirigeants : "Le staff n’a pas aidé les joueurs en leur montrant, avant la rencontre, des vidéos d’enfants ayant survécu à d'énormes coulées de boue dans Rio en 2011."

Parce que sans Neymar, la Seleçao n'avait pas le niveau

L'espace de 5 minutes, le Brésil a bien cru pouvoir l'emporter. La Seleçao, privée de Neymar, son meilleur joueur, est bien entrée dans le match, proposant quelques enchaînements et obtenant un corner. Une domination de courte durée. L'Allemagne a réajusté son bloc, et a pressé les Brésiliens, avant de dérouler son football.

Depuis le début de la Coupe du monde, le prodige du Barça portait son équipe à bout de bras. Avec quatre buts inscrits et une passe décisive délivrée en cinq matchs disputés, Neymar était le joueur le plus dangereux de l'équipe. Totalement libre dans le système de Felipe Scolari, il était celui qui tirait le plus au but et se créait le plus grand nombre d'occasions. Et ce alors qu'il n'évoluait même pas à la pointe de l'attaque.

A cette place, Scolari a choisi d'aligner Fred, l'ancien joueur de l'Olympique lyonnais, en avant-centre. Courrier International rappelle aussi que "Fred récolte la cuillère de bois du plus mauvais joueur de l'équipe brésilienne". L'attaquant, copieusement sifflé par le public mardi soir, affiche effectivement des lacunes techniques terribles et une efficacité proche du néant (un but inscrit durant le tournoi). De quoi faire rougir de honte ses illustres prédécesseurs tels que Ronaldo, Romario ou Bebeto.

Outre l'attaquant de Fluminense, "cette équipe manquait de qualité pure", analyse 20 Minutes, avec "un gardien qui joue aux Etats-Unis (Julio Cesar), un latéral droit quasiment retraité (Maicon) et un milieu de terrain assez peu coté (Luiz Gustavo)." Pour le Brésilien Jaïrzinho, champion du monde en 1970, "cette équipe est fragile et sans doute la plus faible de toute notre histoire", juge-t-il dans les colonnes du Parisien

Parce que la Mannschaft a réussi le match parfait

Si les Brésiliens n'ont pas été à la hauteur, c'est aussi parce que les Allemands ont réalisé une incroyable performance, comme le souligne l'ancien international tricolore Bixente Lizarazu.

A l'image du septième but allemand, signé Schürrle, la Mannschaft a réussi tout ce qu'elle a tenté. L'attaquant de Chelsea contrôle en sautant un long ballon et enchaîne avec un tir puissant, qui finit sous la transversale de Julio César, sans que celui-ci ne puisse rien faire. Irrésistible.

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