Euro 2016 : pourquoi vous auriez dû voir venir l'Islande, futur adversaire des Bleus pour les quarts de finale
L'équipe surprise du tournoi, qui a éliminé lundi en 8es de finale l'Angleterre, ne l'est pas tant que ça quand on analyse sa progression depuis quatre ans.
Vous étiez formel, lors du jeu des pronostics chez belle-maman, organisé après un gigot-flageolets bien arrosé : l'Islande, c'est une équipe de bûcherons arrivée à l'Euro parce qu'une sélection européenne sur deux (24 sur 51) était conviée à la grande fête du foot organisée cette année en France.
Après le premier match, où ils ont tenu tête au Portugal (1-1) malgré les blagues des commentateurs sur les macareux, vous avez cru à un coup de chance.
Après leur qualification, dans un groupe serré (derrière la Hongrie, mais devant le Portugal et l'Autriche), vous avez conclu doctement que la plaisanterie prendrait fin en huitièmes de finale.
Et maintenant qu'ils ont battu l'Angleterre (2-1), lundi 27 juin, vous vous sentez remis en question dans votre science du football. Pourtant, il y avait des indices qui laissaient deviner l'énorme performance de la bande du sélectionneur Lars Lagerback. Si, si, souvenez-vous...
Les résultats sont là depuis quatre ans
L'Islande a failli devenir la plus petite nation à participer à une Coupe du monde. Lors des barrages du Mondial 2014 au Brésil, les Islandais avaient été battus par les Croates au terme d'une belle bataille (0-0, 0-2). Au match aller, ils avaient résisté aux stars croates bien que réduits à dix pendant toute la seconde période.
Si l'Islande a commencé à se montrer prometteuse dès le début des qualifications pour la Coupe du monde 2014, entamée par un succès 2-0 face à la Norvège en septembre 2012, le déclic s'est produit le 6 septembre 2013, lors d'un match contre la Suisse, où les joueurs étaient parvenus à arracher un nul alors qu'ils étaient menés 4-1 à la 54e minute. "A ce moment-là, les gens ont commencé à croire que leur équipe pouvait réaliser des performances incroyables", commente Vidir Sigurdsson, chef des sports au journal islandais Morgunbladid dans le Guardian.
Le plan lancé en 2011 se déroule sans accroc
On vous a déjà parlé du plan mis en place par la fédération islandaise, qui a incité ses coachs à passer des diplômes internationaux (leur nombre est plus élevé dans la population islandaise qu'en Allemagne), qui a construit des infrastructures pour pouvoir jouer en hiver, et qui s'est mis à réserver des vols privés plutôt que des vols réguliers pour que ses joueurs n'attendent plus des heures dans les aéroports, fait remarquer ESPN.
Parallèlement à cela, une formidable génération de joueurs islandais a éclos lors de l'Euro 2011 des moins de 21 ans. La fédération s'est accordé le luxe de les rôder lors de la campagne de qualification pour l'Euro 2012, conclue par une victoire (sur Chypre !), un nul et six défaites. Ces jeunes joueurs forment aujourd'hui l'ossature de l'équipe de Lars Lagerbäck.
N'allez pas croire qu'on ne parlera plus de l'Islande quand cette génération aura raccroché les crampons. La relève, les U21 actuels, a ainsi battu la France 3-2 en septembre dernier. Les Bleuets alignaient pourtant... Kingsley Coman, le joker de Didier Deschamps lors de cet Euro, ou Adrien Rabiot, qui figurait parmi les réservistes. Vous pouvez déjà miser sur un exploit islandais pour l'Euro 2020.
Tout ça, c'est à cause de la France
Peut-être vous souvenez-vous du tout premier match officiel disputé par les Bleus champions du monde 1998, après leur sacre du 12 juillet face au Brésil. C'était... en Islande. La Marseillaise avait été massacrée par le Pavarotti local, qui ne parlait manifestement pas un mot de français, provoquant un fou rire général dans l'équipe tricolore. Sur le terrain, les sourires étaient vite tombés, les Français avaient en effet été obligés de cravacher pour arracher le partage des points (1-1). Commentaire de Libération à l'époque : "Les Bleus ont découvert que l'Islandais ne mange pas que de la soupe de pommes de terre dans une petite maison de pêcheur." Les clichés ont la vie dure.
Le vétéran Eidur Gudjohnsen - 37 ans, il était sur le terrain ce jour-là - se souvient dans le Reykjavik Grapevine : "A l'époque, Gylfi Sigurdsson et Kolbeinn Sigthorsson [le n°10 et l'avant-centre de la sélection actuelle] avaient 8 ou 9 ans. Ils ont vu l'Islande accrocher les champions du monde, et se sont dit : 'On peut le faire'."
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