Football : l'Association nationale des supporters dénonce les "annonces autoritaires", les "menaces illégales" et "l'hypocrisie insoutenable" du gouvernement

L'ASN reproche notamment au ministre des Sports, Gil Avérous, la gestion politique "autoritaire" de l'affaire du tifo pro-Palestine du Collectif Ultras Paris.
Article rédigé par franceinfo
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Les supporters ultras du PSG ont déployé un tifo en soutien à la Palestine, mercredi 6 novembre 2024, avant la rencontre de Ligue des champions contre l'Atlético de Madrid, au Parc des Princes. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

L'Association nationale des supporters (ANS) dénonce les "annonces autoritaires", les "menaces illégales" et "l'hypocrisie insoutenable" du gouvernement, dans un long courrier adressé au ministre des Sports Gil Avérous, que franceinfo a pu consulter lundi 11 novembre. Dans cette lettre de six pages, l'organisation déplore "l'instrumentalisation du football" par le gouvernement, et les "prises de parole politiques et médiatiques 'sur le dos' du football et de ses supporters" multipliées par Gil Avérous.

"Depuis votre prise de fonction, vous n’avez jamais cherché à échanger directement avec notre association et ne vous êtes jamais impliqué dans les travaux de l’instance nationale du supportérisme", lui reproche-t-elle notamment. Plusieurs polémiques récentes sont abordées sur ce même ton. En premier lieu, la gestion politique "autoritaire" de l'affaire du tifo pro-Palestine du Collectif Ultras Paris. L'Association nationale des supporters fustige les déclarations du ministre, qui a considéré qu'un "tifo à caractère politique (...) n'a pas sa place dans une enceinte sportive"

"En étendant cette interdiction à tout message politique, même non provocateur, même non injurieux, même non diffamatoire, même non discriminatoire, même non contraire à l'ordre public, vous décidez une mesure d'interdiction générale et absolue totalement illégale", estime l'ANS. Elle voit dans ces propos une "hypocrisie insoutenable, alors que l’actualité récente regorge d’utilisations du sport comme un outil politique (notion noble et non péjorative), à commencer par les derniers Jeux olympiques ou la dernière Coupe du monde de football. Des événements où nos élus ont pris soin d’être le plus visible et le plus impliqué possible pour retirer un crédit politique des succès sportifs et pour faire passer des messages idéologiques".

Des déclarations en contradiction avec "la réglementation de l'UEFA"

L'ANS cite notamment plusieurs utilisations du sport pour faire passer des messages politiques : hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, aux victimes de la fusillade du marché de Noël de Strasbourg, aux victimes de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, contre la guerre en Ukraine... Elle affirme par ailleurs que ces déclarations sont en contradiction à la fois avec "la réglementation de l’UEFA que des principes fondamentaux de la République française, dont en premier lieu la liberté d’expression, à valeur constitutionnelle". Elle dénonce donc les "pressions illégales sur le club du Paris Saint-Germain afin qu’il prenne des sanctions illégales à l’endroit d’une association de supporters qui n’a méconnu ni règlementation sportive, ni lois, ni règlements français".

Autre polémique récente dont la gestion politique ne passe pas aux yeux de l'ANS : la proposition de Gil Avérous d'arrêter les matches en cas de chants homophobes. "Outre que le ministre de l’Intérieur vous a contredit dans les heures qui ont suivi, les rencontres sportives qui se sont déroulées depuis lors ont démontré l’inanité de vos annonces autoritaires et fragilisé la crédibilité ou l’efficacité de vos annonces", critique-t-elle. 

"Pire, alors que l'instance nationale du supportérisme travaillait sur le sujet dans les locaux du ministère, vous avez préféré rester dans votre bureau pour accueillir, devant les photographes et avec le sourire, le président de la LFP alors même que le Sénat publiait un rapport effarant sur la gouvernance de la LFP et que le parquet engageait une procédure pénale contre la LFP et son président", tacle encore l'association.

Enfin, l'organisation de supporters fustige la réunion "extrêmement médiatisée" en compagnie des autorités, vendredi 8 novembre, durant laquelle il a été décidé d'intensifier les interdictions administratives de stade et les interdictions de déplacement, affirme-t-elle. L'ANS voit en ces mesures "des menaces graves et illégales à l’encontre de l’État de droit"

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