Football : "Quand c'est comme ça, c'est rouge", estime l'ancien arbitre Bruno Derrien après la blessure au visage de Gianluigi Donnarumma
Une image choc, dix agrafes sur la joue et aucune sanction. Le PSG s'est imposé (4-2) à Monaco, mercredi 18 décembre, mais c'est bien le choc entre la semelle de Wilfried Singo et la visage de Gianluigi Donnarumma qui a retenu l'attention.
Si le défenseur monégasque semble vouloir éviter le gardien parisien, le visage défiguré de l'Italien n'a pas suffi à l'arbitre du soir, François Letexier, pour justifier d'une sanction, alors que Wilfried Singo avait déjà écopé d'un carton jaune. Pour l'ancien arbitre de Ligue 1 Bruno Derrien, ce geste aurait mérité une expulsion.
Quel regard portez-vous sur cette action et l'absence de sanction qui en a découlé ?
Bruno Derrien : On peut considérer que le défenseur de Monaco n'a pas maîtrisé son geste, que les conséquences sont quand même importantes parce que le joueur sort sur blessure, le visage entaillé. Je crois qu'il n'y a pas trop de questions à se poser quand c'est comme ça : c'est rouge, et personne ne dira rien.
Lors de l'expulsion d'Amine Harit après sa faute sur Marquinhos lors du Classique, François Letexier [l'arbitre du Classique et du match de mercredi] avait dit que, quand il avait vu le sternum le torse du Parisien, cela l'avait conforté à mettre le rouge. Cette fois, il a estimé que la faute était imprudente et non pas inconsidérée. L'imprudence n'est pas en soi sanctionnable mais l'inconsidération l'est. C'est toute la limite de l'interprétation sur un tel geste. Quand on voit le visage entaillé du gardien parisien, je crois qu'il ne faut pas trop se poser de questions.
L'arbitre ne s'est pas exprimé, c'est dommage. J'ai trouvé ça très bien qu'il s'exprime après Marseille-PSG, qu'il donne sa version des faits, son analyse. Qu'on la partage ou pas, c'est bien. Là, ça aurait été aussi intéressant de savoir pourquoi. Est-ce que la VAR l'a interpellé ? Pourquoi n'est-il pas allé consulter les images ? Pourquoi ne sort-il aucun carton ? Manifestement, s'il ne va pas devant la presse, c'est que, forcément, il doute de la décision qu'il a pu prendre et que, manifestement, il y a eu un raté.
Est-ce également une faillite du VAR ?
On ne sait pas. Lors du match entre Lyon et Nice, le VAR dit à l'arbitre "il y a faute, il bouscule, il retient". L'arbitre dit "non, j'en ai pas assez". Alors que l'arbitre, il est devant les images Le VAR est au centre VAR à Paris, ce n'est pas lui qui va arriver sur le terrain. Au final, c'est à l'arbitre central de prendre ses décisions. L'arbitre VAR ne peut qu'interpeller, lui montrer l'image.
Avec le VAR, il y avait aussi la promesse d'un arbitrage infaillible...
Pas infaillible, mais visant à réduire les grosses erreurs. Je savais bien que le VAR n'allait pas régler tous les problèmes dans l'arbitrage. Certes, elle a réglé certaines erreurs, mais elle a contribué à d'autres polémiques. Vous avez des arbitres qui prennent de moins en moins leurs responsabilités dans la surface. Sur des fautes des défenseurs, ils attendent les images. Comptez le nombre de pénaltys sifflés en direct sur une saison. Il y en a beaucoup moins que ceux qui ont sifflé après l'utilisation de la VAR. Ça veut dire qu'aujourd'hui, les arbitres attendent et voient. Ils ont un parachute.
Que faut-il faire selon vous ? Sanctionner l'arbitre ? Communiquer sur la règle, voire la changer ?
Je ne sais pas s'il y aura des sanctions, mais il y en a toujours eu sans que le grand public ne le sache. Les sanctions des arbitres sont rarement médiatisées. Je pense qu'il va y avoir une analyse du fait, du VAR. Et il y aura une communication derrière de la Direction technique de l'arbitrage (DTA). Elle fait preuve de transparence, prend la parole très souvent après les matchs. Va-t-elle aller dans le sens de l'arbitre ou dire qu'il s'est trompé ? Je ne sais pas.
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