Ligue 1 : départ de Lionel Messi du PSG, un impact économique limité pour le foot français
Un bijou sur coup franc contre Lille, un brelan de passes décisives sur la pelouse de Saint-Etienne la saison passée... Si les éclairs de génie de Lionel Messi manqueront au spectacle de la Ligue 1, les conséquences économiques du départ de l'Argentin, annoncé par l'entraîneur du PSG, Christophe Galtier, jeudi 1er juin et officialisé par le club samedi 3 juin, n'auront que peu d'effets. Ni sur les finances de son désormais ex-club, le Paris Saint-Germain. Ni sur les finances du championnat. Seul reste un pouvoir de négociation revu à la baisse pour ce qui est des droits télévisuels sur les marchés internationaux.
Avant ces deux saisons mitigées sur le plan sportif dans la capitale, la superstar planétaire était arrivée en grande pompe à l'été 2021. Sa venue avait provoqué des scènes de liesse à l'aéroport du Bourget, au Parc des Princes ou même dans les boutiques officielles du PSG où des vagues de fans s'arrachaient la tunique de leur nouveau numéro 30. "C’est certainement le meilleur lancement de maillot en termes de ventes avec au moins une augmentation de la demande de 30 à 40 %. Si nous pouvions produire plus, nous vendrions encore plus", déclarait le directeur sponsoring du PSG, Marc Armstrong, sur le site Goal.com en décembre 2021.
Si le départ de Messi va affecter les revenus merchandising du club à court terme, les Parisiens n'auront malgré tout aucun problème à encaisser le coup selon Luc Arrondel, économiste du sport. "On a parlé de plus d'un million de maillots floqués au nom de Messi vendus lors de sa première saison au PSG mais il faut savoir que le club ne touche qu'entre 8 et 15% du prix de vente par maillot, cela reste donc assez minime".
Une thèse corroborée par Magali Tézenas du Montcel, directrice générale de l'association Sporsora. "Dans un club de foot, le budget repose avant tout sur les revenus liés aux sponsors. Le merchandising est un autre pilier mais il reste moins important", explique cette spécialiste du marketing sportif. Selon les derniers chiffres publiés dans les rapports de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) de la Ligue, le merchandising représente en effet moins de 100 millions sur les près de 670 millions d'euros de recette du PSG. Quid du sponsoring alors ? "La règle est simple" selon Luc Arrondel.
"Les revenus commerciaux dépendent de la visibilité du club. Autrement dit : plus vous êtes visibles, plus vous pourrez négocier à la hausse vos revenus. L'arrivée de Cristiano Ronaldo avait justement permis à la Juventus de revaloriser ses contrats avec Adidas."
Luc Arrondel, économiste du sportà franceinfo: sport
Avec ses plus de 460 millions d'abonnés sur Instagram, "Leo" Messi était donc un argument de vente majeur pour le PSG, qui n'en compte que 70 millions. Lors de la première semaine du champion du monde 2022 au club, le compte parisien avait même gagné 24% de followers en plus. "Il va forcément y avoir un impact pour le club, juge Magali Tézenas du Montcel. Cependant, le PSG est devenu une marque tellement forte, déjà avant Messi. Ils sont à l'abri de beaucoup de déconvenues face aux sponsors".
Les droits TV à l'étranger, seul véritable enjeu pour la Ligue 1
Quant au championnat de France, le fameux "effet Messi" espéré à son arrivée n'a jamais eu lieu. Pour ce qui est de la billetterie, le taux de remplissage dans les stades de l'Hexagone n'a que très peu évolué, passant de 92% sur les réceptions du PSG lors de la saison 2019-2020 (la dernière saison "normale" avant la pandémie durant laquelle Messi n'était pas en Ligue 1) à 93,5% en 2022-2023 selon les affluences renseignées par la Ligue de football professionnelle (LFP). Preuve que les déplacements de Paris attiraient déjà les foules avant la signature de la "Pulga".
"Le seul impact réel que peut avoir le départ de Messi concerne les droits télé à l'international. Le timing n'est pas très bon puisqu'ils vont être renégociés à l'automne 2023."
Magali Tézenas du Montcel, spécialiste du marketing sportifà franceinfo: sport
Actuellement, le contrat détenu intégralement par beIN Sports sur la période 2018-2024 - conclu à une époque où il semblait inimaginable que le septuple Ballon d'or quitte Barcelone - rapporte 80 millions d'euros par an à la Ligue. Trop peu pour que cela n'augmente significativement les enveloppes budgétaires des autres clubs français.
"On reste le cinquième championnat européen à l'international, loin du top 4, confirme Luc Arrondel. Vu la popularité de Messi dans les marchés émergents, asiatiques ou américains, l'avoir dans la balance aurait évidemment été un plus pour vendre le produit". Particulièrement en Amérique du Sud, où la Ligue 1 avait connu un regain d'intérêt auprès des fans argentins. "Il existe toutefois d'autres leviers efficaces, nuance l'économiste. Si Mbappé reste, on peut imaginer que cela atténue en partie les effets du départ de Messi. Mais de bonnes performances des clubs français en Coupe d'Europe seraient surtout utiles pour promouvoir notre championnat à l'étranger".
Encore à la lutte le mois dernier pour ne pas se faire dépasser par les Pays-Bas au classement UEFA, le football tricolore connaît la recette pour continuer de viser l'objectif affiché par Vincent Labrune d'un championnat de France valorisé à 1,8 milliard d'euros à l'horizon 2028.
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