Mondial de handball 2025 : l'échec des JO, une cicatrice à effacer pour une nouvelle génération qui veut écrire sa propre histoire

L'équipe de France, éliminée en quarts de finale des Jeux olympiques de Paris, débute le championnat du monde par une rencontre face au Qatar, mardi, à Porec (Croatie).
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Dika Mem en match de préparation du Mondial 2025, contre la République Tchèque, le 8 janvier 2025 à Strasbourg. (SIPA)

"Un nouveau cycle", "une nouvelle phase", "une nouvelle dynamique", "la reconfiguration d’une équipe"... Guillaume Gille ne manque pas de synonymes pour qualifier la période qui s’ouvre pour les Bleus, avec le Mondial en Croatie qui débute, mardi 14 janvier, par une confrontation contre le Qatar (18 heures). L’échec des Jeux olympiques étant digéré, l’équipe de France veut s’en servir comme une source de motivation pour un groupe rajeuni après la retraite de plusieurs cadres.

Plus de Nikola Karabatic, de Vincent Gérard, retraités, ou de Valentin Porte, retraité international. Pas de Yanis Lenne, de Kentin Mahé ou de Hugo Descat, blessés. C’est une équipe de France presque new look qui s’avance pour tenter de conquérir un septième titre mondial, le premier depuis 2017. Un petit nouveau, Julien Bos (Nantes), quelques revenants, comme Romain Lagarde (Aix), Mathieu Grébille (PSG) et Thibaut Briet (Nantes), mais pas de révolution non plus.

Des joueurs cadres sont bien présents, dont Luka Karabatic, qui s’est délesté de son brassard de capitaine au profit de Ludovic Fabregas, Nedim Remili, Elohim Prandi et Dika Mem, qui a une revanche à prendre sur les Jeux olympiques, comme le reste de ses coéquipiers.

"C’est une compétition dans laquelle on a donné une mauvaise image en termes de jeu", reconnaît Guillaume Gille. Depuis, les Bleus se sont déjà retrouvés en novembre pour l’Euro Cup, un tournoi amical, et ont battu la Suède (37-31) et la Norvège (31-27). "On a échangé sur les points qui nous semblaient importants, de manière à démarrer cette nouvelle aventure, avoue Ludovic Fabregas. Au vu de la qualité qu’on a, se dire les choses, c’est important, même si elles ne sont pas forcément joyeuses. J'ai la sensation qu’on est prêts à avancer ensemble. On parlait d’ego, on est en plein dedans. L'équipe de France a toujours su rebondir après certains échecs, c’est ce qui fait qu’on la considère comme l’une des plus fortes", assure le nouveau capitaine.

"Je pense que ce qui s’est passé cet été est en partie dû au titre européen de janvier 2024. Il n’y a peut-être pas eu suffisamment de remise en question et de réflexion, analyse Jérôme Fernandez, consultant France Télévisions, qui a connu le titre de champion d’Europe 2014 après l’échec en quarts de finale du Mondial 2013. C’est plus facile de se remettre au travail et de prouver des choses quand on sort d’une compétition qui n'est pas aboutie. On veut montrer que ce qui s’est passé dans la dernière compétition, ce n’est pas vraiment la valeur sportive de l'équipe".

Dika Mem "acharné et combatif" pour faire oublier son erreur des JO

Symbole de ce rebond attendu, Dika Mem est transcendé depuis le début de la préparation du Mondial, en témoignent ses neuf buts en autant de tentatives contre le Portugal. Sa perte de balle, dans les dernières secondes en quarts de finale des JO, avait coûté une prolongation à l’équipe de France, finalement défaite par l’Allemagne (35-34). Opéré de l’épaule droite fin novembre, sa présence en Croatie était fortement incertaine, mais l’arrière droit s’en est remis très vite pour être du voyage.

Dika Mem face au Portugal le 10 janvier 2025. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"Ce qui se disait sur lui après les JO, c’était incroyable. On dénigrait sa personne, sa couleur de peau, pourquoi il était Français… Aujourd’hui il sait qu’on a toute confiance en lui. Il a cette capacité de se relever et personne ne lui en veut, ça fait partie du sport, lance Elohim Prandi. Je pense que c’est le premier à s’être dit : 'Ok, on m’a bien mis dans la sauce, je vais montrer que Dika Mem n’est pas mort', et c’est ce qui fait de lui un grand joueur. Je le sens envieux, acharné et combatif. C’est la meilleure attitude à avoir." 

"Faire aussi bien que les Experts"

L’arrière gauche, qui parle des Jeux comme d’une "cicatrice qui restera toujours dans (sa) tête", fait partie des quatre joueurs de l’effectif actuel qui ont connu le dernier titre mondial en 2017, avec Luka Karabatic, Ludovic Fabregas et Nedim Remili. Il veut désormais gagner "en étant un acteur principal". "On a envie d’écrire notre propre histoire, confirme Nedim Remili. Avec l’arrêt de Nikola, les Experts, c’est vraiment fini mais on a envie de faire aussi bien qu’eux, que les jeunes parlent de notre génération comme d’une belle génération de l’équipe de France". 

Si l’équipe de France ouvre un nouveau cycle, que la préparation a été perturbée par des blessures, que Guillaume Gille doit se passer d’ailiers habituellement titulaires mais forfaits, et que le Danemark semble invincible, les Bleus ne se trouveront pas d’excuse. "Je ne serai pas à l’aise de vous dire qu’on va faire ce Mondial pour voir, assure le sélectionneur, ambitieux. Ça ne fonctionne pas. On est l’équipe de France de hand. Peu importent les configurations, on a toujours assumé notre statut d’équipe qui se bagarre dans chaque compétition pour la gagner." Aux bons souvenirs du dernier Mondial en Croatie en 2009, remporté par les Bleus. 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.