Mondiaux de natation à Doha : à cinq mois des Jeux olympiques, "la période n'est pas adéquate", estime la nageuse française Charlotte Bonnet

Les championnats du monde de natation se poursuivent, dimanche, dans le grand bassin de Doha, au Qatar. La compétition est désertée par de très nombreuses stars de la discipline, car jugée trop proche des Jeux olympiques de Paris.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
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Les Mondiaux de natation ont lieu, à partir de dimanche 11 février, à l'Aspire Dome de Doha, au Qatar, l'un des plus grands complexes aquatiques du monde. (JEROME VAL/FRANCE INFO)

Lors des précédents Mondiaux à Fukuoka au Japon en juillet 2023, le groupe français comptait 32 nageurs, dont 21 pour les épreuves individuelles. Mais à Doha, au Qatar, les deux champions du monde tricolores sont absents : Léon Marchand, triple médaillé d’or (400 m 4 nages, 200 m 4 nages, 200 m papillon) est resté aux États-Unis et Maxime Grousset (100 m papillon) a lui-aussi fait une croix sur le Qatar. La France n’a envoyé que douze nageurs — ce n’est pas la plus petite délégation de l’histoire puisqu'en 2001 ils n’étaient que cinq Français. Et encore, les nageurs ne sont pas tous là en même temps. Certains vont repartir très vite et d’autres arriveront plus tard.

"C’est horrible, reconnaît Charlotte Bonnet, la capitaine des Bleus, qui participe à ces championnats du monde. C’est super dur de se motiver et d’être dans une dynamique conquérante. Je trouve que ça ne fait pas une dynamique de championnats du monde et une vraie compétition sérieuse. C’est le choix de chacun mais ce n’est pas facile de trouver un bon état d’esprit."

Une répétition avant les Jeux olympiques

Comme la France, toutes les grandes nations ont fait ce choix. Les États-Unis, l’Australie et l’Italie ont envoyé au Qatar des délégations réduites. Le double champion du monde tunisien du 800 m et 1 500 m Ahmed Hafnaoui va défendre ses titres, mais sans aucun de ses principaux rivaux, l’Américain Robert Finke et l’Australien Samuel Short. "C'est vrai, mes concurrents ne sont pas là, mais je ne crois pas que ça fasse une grosse différence, répond celui qui est aussi champion olympique du 400 m nage libre. Personne n'est obligé de faire comme moi mais avant les JO, j'ai besoin de savoir où j'en suis, comment sont mes performances. C'est ça qui est important : nager et encore nager", estime le nageur.

Sur les 23 champions du monde individuels au Japon il y a sept mois, seuls six ont fait le déplacement, notamment l’Américaine Kate Douglass, sacrée sur le 200 m quatre nages. "J'ai un peu hésité parce que je savais que beaucoup de nageurs n'allaient pas venir. J'en ai parlé à mes entraîneurs et ils m'ont dit que ce serait une bonne chose et que ça ne nuirait pas à la suite de ma saison", explique la nageuse. 

"Je ne regrette pas, c'est bien de venir en petit comité, c'est plus détendu, moins stressant et je peux plus me concentrer sur mes nages"

La nageuse américaine Kate Douglass

à franceinfo

Avec l’absence des cadors, c’est une opportunité pour quelques nageurs de monter sur un podium mondial. Sous l’imposante charpente d’acier de l’Aspire Dome, la grande piscine de Doha aux 15 000 places en tribunes, Anastasiia Kirpichnikova, naturalisée française en avril dernier, pourrait revenir avec une médaille. D’autant que l’Américaine Katie Ledecky, la grande spécialiste du demi-fond n’est pas là, "même si j’aurais préféré nager avec les meilleures", regrette l’ex-Russe. Le relais tricolore du 4x200 m nage libre féminin va aussi tenter de se qualifier pour les Jeux.

Trois Mondiaux en moins de deux ans

World Aquatics, la Fédération Internationale de natation, a beaucoup tiré sur la corde. Ce sont déjà les troisièmes Mondiaux depuis juin 2022. D’habitude, cette compétition n’a lieu que tous les deux ans, sur des années impaires, plutôt en été, mais jamais aussi proche des Jeux olympiques. Ce calendrier bouscule forcément les habitudes. "Février, c’est souvent une période où on part en stage", raconte Charlotte Bonnet. "On fait un gros bloc entre février et mars qui sont les deux mois les plus importants de notre deuxième partie de saison. Avec des championnats à cette période, ça coupe cette partie-là", ajoute-t-elle.

"Pour moi, ça n’entrave pas une préparation olympique mais la période n’est pas adéquate pour une compétition comme celle-ci", estime la nageuse française qui va s’aligner sur trois épreuves à Doha (200 m quatre nages, 100 m nage libre et le 50 m brasse). Elle l’assure : "Une médaille mondiale reste une médaille mondiale même si la compétition a perdu de son attrait."

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