1987 : un entraînement historique à la veille de la demi-finale
Depuis le début de cette Coupe du Monde, l’équipe de France s’entraîne régulièrement sur des terrains complètement ouverts, sans tribune. Et parfois des rugbymen locaux qui jouent à côté sont conviés pour servir d’opposition. Mais ce jour-là, Jacques Fouroux n’invite personne. Et son discours est clair : il sait déjà quels seront les titulaires pour la demi-finale. A moins que les remplaçants ne lui fassent changer d’avis aujourd’hui. L’entraînement qui suit est dantesque. Le troisième ligne Laurent Rodriguez a rarement vécu ça : "Il y avait des un contre un d’anthologie. Je me rappelle Patrick Estève qui, sur une action, ridiculise Jean-Baptiste Lafond et il passe ensuite devant l’entraîneur en criant : 'Alors Jacques, c’est qui le plus fort ?' On a souvent saigné aux entraînements mais c’était une autre époque ".
"Déglinguer nos copains"
En quart de finale contre les Fidji, les Français n’ont pas été brillants. Jacques Fouroux a donc décidé de remettre de l’ordre et surtout de la compétition à l’intérieur de sa sélection. Pendant toute cette séance, les chocs sont violents et intentionnels. Personne ne se ménage. L’intensité d’un match international, se souvient Philippe Sella : "Il y a eu de la casse ! Francis Haget a perdu un genou. Entre Patrice Lagisquet et Patrick Estève, c’était chaud. Un entraînement féroce. Il fallait déglinguer les joueurs d’en face, nos copains. Les placages cathédrale n’existent plus mais si on pouvait en coller un, Jacques Fouroux s’en régalait. Ça nous a réellement rapprochés. Il valait mieux être prêt ce jour-là ".
Fouroux jubile
Sur le bord du terrain, Jacques Fouroux jubile et encourage. C’est exactement ce qu’il voulait : réveiller son groupe. Faire prendre conscience à ses hommes qu’ils allaient disputer une demi-finale de Coupe du Monde, la première du genre.
Message reçu 5 sur 5. Presque 30 ans plus tard, quand on parle de cet entraînement au pilier Pascal Ondarts, il lève les yeux au ciel. Lui qu’on ne peut pas soupçonner d’être particulièrement douillet : "C’était plus dur cet entraînement que le match qui a suivi, pourtant Dieu sait que le match était dur. Et c’est comme ça que l’on est arrivés en finale ".
En effet, cette demi-finale face à l’Australie, la France la gagne. Une victoire historique. Mais ce match, plus l’entraînement du mercredi qui a précédé, ont fait des dégâts. Plusieurs joueurs sont blessés. C’est une équipe de France amoindrie qui perd en finale une semaine plus tard.
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Mercredi 5 août | Coupe de Monde de rugby 2007 : ces petits riens qui font tout rater
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