1995 : une demi-finale apocalyptique pour l'équipe de France
1995 : les Français s’étaient préparés à tout sur le terrain mais certainement pas à disputer une demi-finale dont le coup d’envoi est reporté de près de deux heures.
L’insupportable attente
Durban est une carte postale. Une cité balnéaire posée au bord de l’Océan Indien. Les plages sont magnifiques, le climat généralement clément. Généralement… Car ce jour-là, pendant que les joueurs se préparent dans les vestiaires, c’est l’apocalypse dehors. Des trombes d’eau s’abattent sur le stade. Les officiels viennent inspecter la pelouse et constatent qu’il est impossible de jouer un match de rugby. Pourtant, invoquant la pression des diffuseurs, les organisateurs décident qu’il faut jouer ce soir, impérativement. Guy Accoceberry est assis en tribune. Le demi de mêlée tricolore, désormais consultant France Info, s’est cassé le bras pendant la compétition. Il assiste à un drôle de spectacle : "Ils envoient des gens avec des balais pour évacuer l’eau du terrain tellement les trombes d’eau étaient importantes. Ils voulaient à tout prix jouer dans ces conditions. Leur point fort, c’était le physique. Ils nous craignaient dans le jeu. Je pense que sur un terrain sec, on aurait sûrement battu cette équipe d’Afrique du Sud ."
"C’était terrible"
Dans le vestiaire, les Français sont prêts, motivés, ils n’ont qu’une hâte : entrer sur le terrain. Quand on vient les informer que le coup d’envoi est reporté, ils ne savent plus trop quoi faire. On leur dit que le match va se jouer mais sans donner d’horaire précis. Un calvaire pour Olivier Roumat : "C’était terrible. On venait juste de faire monter la pression avant de rentrer sur le terrain. On se retrouve avec le bandeau, le casque pour certains, d’autres étaient strappés. On attend dans le vestiaire, dans un silence mortuaire. On buvait des cafés, d’autres s’étiraient. C’est très dur de faire redescendre la pression quand vous vous préparez pour un match international. Vous avez un protocole : vous sortez du vestiaire, il y a les hymnes puis le coup d’envoi. Et là, on se retrouve avec toute une préparation à refaire sur une heure et demi. C’était très compliqué sur le plan nerveux ."
Une préparation à base de sophrologie
La pluie continue de tomber pendant que le XV de France boit des cafés. Le coup d’envoi approche. Non. Il est repoussé une deuxième fois. Voilà plus d’une heure qu’ils patientent quand l’un d’entre eux prend une initiative qui a marqué Philippe Sella : "On a fait une préparation assez exceptionnelle. C’est la seule fois dans toute ma carrière de rugbyman. Comme ça durait très longtemps dans le vestiaire, on s’est préparés en sophrologie. On a tous fermés les yeux et puis le numéro 10, Christophe Deylaud, dit 'je tape le coup d’envoi très haut' puis Olivier Roumat : 'je saute, je prends le ballon' et puis chacun prenait la parole. On a fait une partie de début de match comme ça ."
Même avec toute l’imagination du monde, ils ne peuvent pas deviner l’incroyable scénario de cette partie. Le coup d’envoi est donné avec près de deux heures de retard. L’arbitre refuse trois essais aux Français et celui qu’il accorde à l’Afrique du Sud n’est pas valable. Son auteur, Ruben Kuger l’a lui-même reconnu. Ce jour-là, c’était bien l’apocalypse pour l’Equipe de France.
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