"Aberration", "recul", "absurde" : le rugby français s'oppose à la nouvelle règle des cartons rouges remplacés au bout de 20 minutes

Les instances internationales de rugby voteront jeudi 14 novembre pour décider d'instaurer ou non une règle visant à ne plus exclure définitivement des joueurs après un carton rouge. Les Français alertent sur les dangers pour les pratiquants.
Article rédigé par Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'arbitre distribue un carton rouge lors d'un match de rugby entre La Rochelle et Toulouse, le 21 juin 2024. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Ils ont été inaugurés le week-end du 9 novembre. Deux premiers cartons rouges de vingt minutes ont été distribués lors des matchs internationaux de rugby conformément à une nouvelle règle arbitrale testée cet automne et que les instances mondiales veulent généraliser. Il s'agit d'en finir avec les exclusions définitives pour un carton rouge. Désormais, au bout de vingt minutes, les équipes peuvent remplacer le joueur fautif. L'objectif avancé est de favoriser le spectacle en évitant des matchs déséquilibrés avec des équipes en infériorité numérique. Mais à quelques jours d'un vote crucial, le rugby français est vent debout contre cette réforme et tente de faire entendre sa voix à l'international.

Retour en arrière

Seules la France et l'Irlande semblent fermement s'y opposer. L'un des premiers à s'être exprimé de manière virulente contre cette mesure est le Rochelais Grégory Alldritt, capitaine du XV de France l'an dernier. "Je pense que c'est une aberration. Je parle de sécurité des joueurs." Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, abonde. "On ne peut pas espérer développer ce magnifique sport qu'est le rugby si on ne s'attache pas d'abord à la protection des pratiquants. Je considère que ce serait un recul."

Un recul très dangereux même, avec des sanctions de moins en moins dissuasives et de plus en plus de circonstances atténuantes pour dédouaner les joueurs, estime Philippe Chauvin. La sécurité des pratiquants est devenue un combat depuis la mort de son fils, Nicolas, à la suite d'un double plaquage non réglementaire et non sanctionné.

"C'est complètement absurde. Le rugby revient à avant 2020 où l'on testait ou tutoyait des limites qui ont coûté la vie à quatre jeunes en 2018. On est repartis pour faire la même chose. J'ai vraiment de grosses craintes."

Philippe Chauvin

à franceinfo

Pour rappel, le rugby a notamment mis fin aux fourchettes - geste qui consistait à mettre les doigts dans les yeux de son adversaire - en suspendant les fautifs plusieurs mois.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.