Coupe du monde de rugby : la France en pole avec l'Irlande et les All Blacks, les Sud-Africains en embuscade, les Anglais en retrait... Quels favoris, quels outsiders ?
La France lance sa Coupe du monde de rugby, à domicile, contre la Nouvelle-Zélande, vendredi 8 septembre, à 21 heures. Difficile de rêver d'une plus belle affiche en ouverture du dixième Mondial de l'histoire. Fort d'une génération dorée, le XV tricolore se présente comme l'un des grands favoris au sacre suprême, qu'il n'a jamais obtenu dans son histoire. L'objectif est affiché depuis quatre ans par le sélectionneur Fabien Galthié.
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Mais, comme toujours, la tâche s'annonce rude pour les Bleus qui pourront, certes, compter sur un soutien populaire exceptionnel, mais qui seront aussi et plus que jamais la cible de leurs rivaux. Les All Blacks, triples champions du monde, l'Irlande, voire l'Afrique du Sud, semblent les mieux armés pour briser les rêves de toute une nation. Les favoris, les outsiders et les grosses cotes : franceinfo: sport fait le point sur les forces en présence.
Les favoris : la France, l'Irlande et la Nouvelle-Zélande
Pour le XV de France, il s'agira de garder la coupe à la maison. 16 ans après la désillusion du Mondial 2007, joué en partie en France et remporté par l'Afrique du Sud, les Bleus se présentent à nouveau comme le favori d'une compétition disputée (cette fois) en intégralité dans l'Hexagone. À la différence près que cette sélection tricolore, métamorphosée par le duo Fabien Gatlhié-Raphaël Ibanez depuis quatre ans, a également prouvé qu'elle pouvait à nouveau gagner (Grand Chelem 2022) et enchaîner les Tournois dans la peau d'une grande nation du rugby.
Dans le sillage de son demi de mêlée et capitaine Antoine Dupont, élu meilleur joueur du monde en 2021, le XV du Coq n'a jamais semblé aussi solide sur le papier et préparé pour briser la malédiction en Coupe du monde après trois échecs en finale (1987, 1999 et 2011). Avec deux mois de préparation ponctués par une défaite et trois victoires, dont la dernière contre l'Australie, le 27 août dernier, balayée avec brio, les Bleus semblent prêts, aidés par un soutien populaire qui peut faire la différence : trois des neuf vainqueurs de la Coupe du monde ont été couronnés à domicile (Nouvelle-Zélande en 1987 et 2011, Afrique du Sud en 1995).
Mais soulever le trophée Webb-Ellis ne se fait pas sans adversité. Premier obstacle sur le chemin des Bleus, la Nouvelle-Zélande, son premier adversaire, son premier rival dans le groupe A. Le XV à la Fougère attend ce moment depuis quatre ans et l'affront vécu contre l'Angleterre (7-19) en demi-finale du Mondial au Japon. Après une saison 2021-2022 particulièrement difficile, marquée notamment par leur plus sévère défaite contre la France (40-25), les All Blacks, trois fois champions du monde (1987, 2011 et 2015), ont remis le bleu de chauffe. Les Néo-Zélandais ont enchaîné onze matchs sans défaite et remporté un 20e Rugby Championship, avec 38 points marqués en moyenne par match. Mais ça, c'était avant de s'incliner contre les champions du monde sud-africains lors du dernier match de préparation, le 25 août dernier.
Mais si les All Blacks font toujours partie des favoris, la meilleure équipe du monde, selon le classement officiel World Rugby, est ailleurs. Auteure d'un superbe Grand Chelem lors du dernier Tournoi des six nations, l'Irlande n'est jamais arrivée à l'aube d'un Mondial avec autant de certitudes. Les Irlandais restent sur 14 victoires consécutives, la dernière défaite remontant à une éternité, contre la France, lors du Tournoi 2022 (le 12 février). Comme les Bleus, eux aussi devront briser une malédiction : ils n'ont jamais dépassé le stade des quarts de finale en neuf participations.
Les outsiders : l'Afrique du Sud, l'Argentine et l'Ecosse
Derrière ces trois cadors, on retrouve bien sûr l'Afrique du Sud, championne du monde en titre. Elle aurait pu figurer parmi les favorites mais depuis son sacre au Japon, elle semble en léger retrait. Surtout, elle a hérité du groupe de la mort avec l'Irlande et l'Ecosse (ainsi que les Tonga et la Roumanie) et ne pourra pas compter sur plusieurs éléments importants dont Handré Pollard, Lukhanyo Am, ou encore Lood de Jager.
Emmenés par leur emblématique capitaine, Siya Kolisi, rétabli juste à temps d'une opération au genou, les Springboks ont pour eux leur expérience et leur supériorité physique. En 2023, ils n'ont perdu qu'un match, contre la Nouvelle-Zélande (35-20) en juillet avant de prendre leur revanche fin août pour infliger aux All Blacks la plus sévère défaite de leur histoire (35-7).
"Nous allons au Mondial non pour jouer un quart ou une demi-finale (...), notre objectif est d'arriver au 28 octobre et de gagner" : Michael Cheika, l'entraîneur des Pumas, a prévenu tout le monde, l'Argentine sera plus ambitieuse que jamais. Depuis son arrivée en mars 2022, les Argentins ont signé plusieurs victoires de prestige, contre la Nouvelle-Zélande notamment, mais aussi face à l'Angleterre ou l'Australie. Bien suffisant pour le technicien australien des Sud-Américains, qui affronteront le XV de la Rose et le Japon dans le groupe D.
Autre outsider sérieux : le XV du Chardon. L'Ecosse, demi-finaliste en 1991, vit sans doute ses plus belles heures et cela arrive au meilleur moment. Troisième du dernier Tournoi des six nations en ayant battu l'Angleterre et le pays de Galles, la sélection écossaise s'avance surtout comme l'épouvantail du groupe B (avec l'Irlande et l'Afrique du Sud). Actuellement cinquième nation mondiale, le plus haut classement de son histoire, elle a rivalisé avec la France lors de la préparation estivale, avec une victoire à Edimbourg (25-21), et une courte défaite la semaine suivante à Saint-Etienne (30-27).
Les grosses cotes : l'Angleterre, l'Australie et les Fidji
Voir l'Angleterre exclue du clan des favoris et des outsiders peut surprendre. Pourtant, le XV de la Rose connaît l'une des périodes les plus difficiles de son histoire. Quatrième du Tournoi 2023, troisième l'année précédente, chaque fois avec des défaites cuisantes contre la France et l'Irlande, l'Angleterre ne pique plus grand monde. Redescendus au huitième rang mondial, les Anglais ont signé une préparation catastrophique avec trois revers en quatre matchs, ponctuée par une défaite historique contre les Fidji (22-30).
Enfin, restent l'Australie et les Fidji. La première vit une période compliquée, devenant la "nation du Sud" la moins prolifique depuis plusieurs années. Elle a ainsi changé son sélectionneur en janvier, alors qu'il était en poste depuis 2020, et rappelé au bercail Eddie Jones. Depuis, pas une seule victoire en 2023, et une dernière place au Rugby Championship, une première depuis que cette compétition réunit Néo-Zélandais, Sud-Africains, Argentins et Australiens. Mais les Wallabies, deux fois sacrés, n'ont jamais fait moins qu'atteindre les quarts de finale en Coupe du monde.
De leur côté, pour les Fidji, la dynamique est diamétralement opposée. Outre la première victoire de leur histoire contre les Anglais, les Fidjiens ont également battu, avec la manière, le Japon (35-12), les Samoa (33-19) et les Tonga (36-20). Ils ont tenu la dragée haute au XV de France avant de s'incliner logiquement (17-34). Dans un groupe C ouvert (Australie, pays de Galles, Géorgie et Portugal), les Fidji auront véritablement un rôle à jouer.
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