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Récit Coupe du monde de rugby : cinq semaines plus tard, la fin amère de l’aventure bleue

Eliminé de sa Coupe du monde par l'Afrique du Sud en quart de finale, le XV de France a fermé le chapitre de son aventure mondiale après cinq semaines d'exploits sportifs, de coups durs, et de communion.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Les Bleus après leur élimination en quart de finale de la Coupe du monde de rugby, au Stade de France, le 15 octobre 2023. (SIPA)

Alors que les larmes commencent à peine à sécher et que les regrets tournent encore dans les têtes et dans les cœurs, il est déjà l’heure de regarder en arrière. Tombé face à l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du monde de rugby, dimanche 15 octobre, le XV de France est redescendu sur terre et a vu son rêve de premier sacre devant son public partir en fumée dans le ciel de Saint-Denis.

L’élimination tricolore marque la fin d’une aventure mondiale de cinq semaines, quinze si l’on compte la préparation entamée début juillet sous le soleil de Monaco. Un point final amer, difficile à digérer au regard du dénouement et des grands espoirs qu'ont couvé ces Bleus tout ce temps, mais qui n'efface pas les succès et les bonheurs vécus jusque-là.

Un démarrage fort avant d'accélérer encore

L’aventure avait pourtant démarré avec grand fracas, le 8 septembre, dans la moiteur et la fureur du Stade de France, écrin de gala pour le match d’ouverture au sommet contre les All Blacks. Passées la crispation et la tension, les Bleus s'étaient magnifiés pour prendre la mesure du rendez-vous. Irrésistibles, ils avaient infligé aux triples champions du monde le premier revers de leur histoire en phase de poules et lancé leur tournoi sur les chapeaux de roues. 

Dans le sillage de ce succès historique, les cinq semaines des Bleus sur les terrains du Mondial ont été assorties de nombreuses réussites sportives. Portés par des cadres presque toujours au niveau, au cœur d'une tempête de blessures, et de belles découvertes, à l'image du jeune Louis Bielle-Biarrey, sa bouille ronde, son casque rouge, son tempo de fusée et ses quatre essais, les Bleus ont petit à petit construit leur parcours sur le pré.

Après un combat inattendu et disputé contre l'Uruguay, ils sont passés dans une autre dimension. Face à la Namibie, ils sont allés chercher leur plus large victoire dans la compétition, avec 96 points et 14 essais inscrits. Au pied du mur, ils ont négocié sans trembler le dernier match de poules contre l'Italie, élevé au rang de huitième de finale.

Un groupe marqué par l'aventure

Le groupe vivait bien, sur le pré comme dans les vestiaires. Rassemblés depuis le premier lundi de juillet, ils ont vécu en petit comité et ne se sont presque pas lâchés d'une semelle pendant un peu plus de trois mois. "On a super bien travaillé et fait quelque chose de grand [...] avec le staff et les joueurs et la fédération [...] Ce que nous venons de vivre fait partie de l’écriture du livre de l’équipe de France", a assuré Fabien Galthié dans les entrailles du Stade de France dimanche soir.

De la Côte d’Azur à Paris en passant par l'Ecosse, Capbreton, Lille, Marseille et Lyon, ils ont tracé leur route, guidés par beaucoup d'espoirs et un engouement populaire déjà visible. Jusqu'à un premier coup dur, mi-août : le forfait de Romain Ntamack, victime d'une rupture des ligaments croisés à Edinbourgh. Premier grain de sable, de taille, dans les rouages de la superbe machine bleue. "On a tout mis en œuvre pour optimiser notre potentiel et on l’a fait. On a fait avec les événements qui nous ont accompagnés ces 15 semaines", a aussi confié Fabien Galthié après le match contre l'Afrique du Sud, lui qui s'était montré très ému de la blessure de son ouvreur.

Ensembles du début jusqu'à la fin, les Bleus ont fait front et face aux aléas et aux nombreuses blessures qui ont continué : Jonathan Danty, Cyril Baille, Paul Willemse, en préparation, puis Julien Marchand, sorti après douze petites minutes de jeu seulement dans ce Mondial. Et puis celui que personne n'aurait voulu voir vaciller, Antoine Dupont, victime après un méchant choc à la tête face à la Namibie d'une fracture maxillo-zygomatique. Sans leur capitaine et meilleur joueur, sur la touche pendant 24 jours et contraint à une course contre-la-montre pour faire son retour pour la phase finale, ils ne se sont pas laissés déstabiliser et ont traversé la fin de la phase de poules avec la même sérénité.

Pour les accompagner, les Bleus ont pu compter sur des supporters tricolores emballés. "C'était une belle Coupe du monde, on a passé de très bons moments avec le public", a reconnu Jonathan Danty dimanche soir, au moment de livrer son bilan. Souvent mentionnés et remerciés dans les messages des joueurs sur les réseaux sociaux, les supporters ont poussé pour leurs héros à domicile. 

"Une Coupe du Monde en France, on n’en vivra plus. C’est difficile de finir comme ça."

François Cros

à World Rugby

Dans tous les stades qu'ils ont visités, les Bleus se sont offert de beaux tours d'honneur, comme celui particulièrement vibrant face au public lyonnais, après avoir décroché le billet pour les quarts de finale, alors que le rêve était encore intact. "À chaque fois qu’on joue à la maison, on a un soutien incroyable à nos côtés. Ce qui nous rend encore plus tristes, c’est qu’on n’a pas été capables de les rendre fiers, de leur faire plaisir et de les rendre heureux", a regretté Matthieu Jalibert, visage fermé, au bord de la pelouse.

Des regrets à hauteur de la déception

Pour les joueurs comme pour les supporters, tout s'est donc brutalement arrêté, dimanche soir, de la pire des manières, sur la pelouse d'un Stade de France où les Bleus avaient acté leur renaissance en empochant le Tournoi des six nations 2022, il y a un an et demi. "L’année dernière, on a réalisé le Grand Chelem. On voulait voir plus haut. C’est comme ça", a lâché Peato Mauvaka. 

Tombés dans le piège sud-africain, les Bleus ne deviendront pas champions du monde sur leurs terres, et n'ont plus que leurs regrets à ressasser. Ils ont perpétué une mauvaise habitude, celle de se prendre les pieds dans le tapis au sortir de la phase de poules, puisque les quarts de finale sont devenus le stade de la compétition où le XV de France a été le plus été éliminé en Coupe du monde (4). Mais contrairement aux deux dernières éditions, l'avenir s'annonce un peu plus prometteur.

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