Téléphonie : est-ce que la 4G est pour vous ?
La bataille est lancée. Emboîtant le pas à Orange et à SFR, Bouygues Telecom lance son réseau 4G national le 1er octobre. Avantages, coût, danger... francetv info vous dit tout sur la 4e génération de téléphonie mobile.
De la 4G pour tous. Après Orange et SFR, Bouygues Télécom lance à son tour son offre internet mobile à très haut débit au niveau national, le 1er octobre. Avantages, inconvénients, coût, danger : francetv info vous présente la quatrième génération de téléphonie mobile en quatre questions.
La 4G, c'est quoi ?
En théorie, la 4G, 5 à 10 fois plus rapide que la 3G, permet de surfer sur le net avec la même fluidité que sur un réseau wifi. En pratique, ça signifie que vous pouvez écouter de la musique en streaming, regarder la télé ou des vidéos à la demande sur votre mobile ou votre tablette, ou encore jouer en réseau beaucoup plus confortablement. Surtout, le temps de latence, le délai entre l'envoi de la requête et son affichage, sera réduit. "Cela donne un vrai confort d'utilisation avec un affichage quasi instantané", explique à Libération Frédéric Pujol, analyste télécoms à l'institut spécialisé Idate.
La 4G permet aussi de télécharger jusqu'à 150 mégabits par seconde (Mbits/s), et d'envoyer des fichiers dix fois plus rapidement qu'avec l'ADSL, la connexion la plus courante dans les foyers. Fin 2011, les quatre grands opérateurs français (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) ont acheté des fréquences 4G mises aux enchères par l'Etat, pour la somme 3,6 milliards d'euros.
C'est disponible partout ?
Pas encore. SFR a été le premier lancer son réseau commercial auprès du grand public, fin novembre, à Lyon. Depuis, l'opérateur a déployé la 4G dans une dizaine de villes et "devrait s'étendre à 55 agglomérations fin 2013", indique Le Figaro. Orange, qui en revendique déjà 54 au 30 septembre, propose de vérifier si votre adresse est bien couverte par la 4G. Et Bouygues Telecom annonce que 100 villes seront desservies au 1er octobre, soit 63% de la population française.
C'est cher ?
Bouygues Telecom, Orange et SFR espèrent reconquérir, avec la 4G, une partie des centaines de milliers de clients partis à la concurrence depuis janvier et l'arrivée de Free sur le marché du mobile. Car si le petit nouveau a tiré vers le bas les prix des forfaits 3G, il n'a pas encore d'accord d'itinérance (qui lui permettrait d'utiliser les équipements d'un des opérateurs historiques) pour la 4G, et les autres comptent bien en profiter.
Metro a passé au crible les offres 4G des trois opérateurs, qui vont de 30 euros à un peu plus de 70 euros par mois, pour un volume de 2 à 16 Go. Peu ou prou les tarifs déjà pratiqués pour la 3G. Mais pour inciter les clients à souscrire un abonnement 4G avant la fin de l'année, les forfaits proposés par Bouygues Telecom augmenteront le 6 janvier, le 9 octobre chez Orange, signale Metro.
Le principal problème se trouve plutôt du côté des terminaux. Si de nombreux téléphones sont présentés comme "4G Ready", attention, ils ne sont pas pour autant compatibles avec la nouvelle technologie. Ces appareils, qui fonctionnent en réseaux nommés "Dual Carrier" ou "H+", permettent juste de bénéficier d'une expérience proche de la 4G. N'espérez donc pas profiter de la 4G si votre smartphone a plus de deux ans.
Si SFR s'est déjà engagé à faire passer les clients Dual Carrier en 4G sans augmentation du prix du forfait, ces derniers devront tout de même acquérir un mobile compatible. L'opérateur propose 58 modèles de ce type, contre 62 chez Bouygues et seulement 26 du côté de Orange. Et ces appareils dernière génération coûtent cher si vous souhaitez les acquérir sans abonnement. Entre 500 et 700 euros, note Le Figaro, qui rappelle que Bouygues propose d'étaler ce paiement en répercutant les mensualités sur votre facture téléphonique.
En outre, si vous n'arrivez pas, aujourd'hui, à bout des quelques gigas mensuels compris dans votre forfait, réfléchissez à l'usage que vous feriez d'un abonnement 4G. Et si vous comptez dessus pour regarder plus de films en streaming, jouer davantage en réseau ou télécharger plus de musique, vous aurez très, très vite fait d'épuiser 2 ou même 4 Go. Sur Lyon Capitale.fr, un testeur rapporte qu'"avec la 4G, il nous a suffi de moins de 10 minutes pour exploser cette limite". Au-delà de votre consommation autorisée, l'opérateur bridera votre débit.
C'est dangereux ?
Pour déployer la 4G, il faut installer de nouvelles antennes ou convertir les anciennes. De nombreuses associations protestent donc contre leur prolifération. L'association Robin des toits a envoyé, en janvier, une lettre à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail dans laquelle elle exige une "sérieuse étude d'impact en termes sanitaires", rapporte Challenges. Or, comme le souligne Rue89, "paradoxalement, la multiplication des antennes permettrait de baisser le niveau d'exposition. Si la couverture est dense, les antennes-relais n'ont pas besoin d'être aussi puissantes".
Le porte-parole de Robin des toits, Etienne Cendrier, estime tout de même que "la surexposition aux ondes est responsable de troubles du sommeil et de la concentration, de variations de la pression artérielle, voire de cancers". Dans un communiqué (PDF) publié le 31 mai 2011, l'Organisation mondiale de la santé indique que son Centre international de recherche sur le cancer (Circ), basé à Lyon, "a classé les champs électromagnétiques de radiofréquence comme peut-être cancérogènes pour l'homme, sur la base d'un risque accru de gliome, un type de cancer malin du cerveau, associé à l'utilisation du téléphone sans fil". "Il est crucial que des recherches supplémentaires soient menées sur l'utilisation intensive à long terme des téléphones portables", estime le directeur du Circ, Christopher Wild.
La Ville de Paris n'entend pas céder face aux opérateurs, qui réclament une plus grande liberté en termes d'émissions électromagnétiques. "Le projet de nouvelle charte fixe deux niveaux de champs maximaux à ne pas dépasser dans les lieux de vie fermés (appartement, bureau...) : 5 volts par mètre et 7 volts par mètre [soit beaucoup moins que le maximum autorisé par la loi, à savoir 41 et 62 volts par mètre], selon que la 4G est absente ou présente", indique la mairie de Paris. En plus, "un bilan annuel du déploiement de la 4G et de son impact sur l'exposition aux ondes électromagnétiques de la téléphonie mobile dans les lieux de vie fermés sera effectué conjointement par la ville et les opérateurs. Il pourra conduire à une révision du niveau de champ maximal appliqué à la 4G."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.