Gilles Jacquier, un journaliste courageux au plus près des gens
Le grand reporter de France 2 a été tué mercredi matin alors qu'il était en reportage en Syrie. Agé de 43 ans, il connaissait très bien les zones de conflit mais n'avait rien d'une tête brûlée.
Gilles Jacquier, grand reporter de France 2, a été tué mercredi 11 janvier au matin dans la ville de Homs (ouest), en Syrie. Six Syriens ont également trouvé la mort au même endroit et plusieurs personnes ont été blessées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le journaliste, âgé de 43 ans, était accompagné de son caméraman Christophe Kenck, qui a été légèrement blessé. Tous deux étaient partis dotés d'un visa officiel des autorités du pays pour le magazine "Envoyé spécial".
Alors que les circonstances de l'attaque se précisent, FTVi revient sur le parcours de Gilles Jacquier et sur les réactions à son décès.
Rien d'un casse-cou ou d'une tête brûlée
Kosovo, Zaïre, Algérie , Afghanistan, révolutions arabes... Gilles Jacquier était un journaliste reporter d'images (JRI), de ces gens peu connus du grand public qui sont au plus près des scènes de conflit, depuis quinze ans. Sans cette présence sur le terrain, pas de témoignage, pas de preuve tangible des violences du monde.
Mais Gilles Jacquier n'avait rien du casse-cou, de la tête brûlée ou du héros. Il avait commencé sa carrière à France 3 Lille en 1991 puis était passé à la rédaction nationale en 1994 avant de rejoindre France 2 et tout particulièrement le magazine "Envoyé spécial".
Un lauréat du prix Albert-Londres
Gilles Jacquier avait reçu en 2003, avec le journaliste Bertrand Coq, le prix Albert-Londres audiovisuel pour un reportage sur la deuxième Intifada et l'opération Rempart menée par l'armée israélienne en avril 2002. Il avait également obtenu en 2009 le grand prix Jean-Louis Calderon du festival du scoop et du journalisme d'Angers pour son reportage Afghanistan : Ecole, le tableau noir. Loïc de la Mornais pour France 2 est revenu la carrière de ce journaliste expérimenté et apprécié de ses collègues.
"J'ai horreur de la guerre"
Les premiers récits de ses confrères évoquent un journaliste modeste, généreux et souriant. "Jacquier était toujours sur le point de partir quelque part, dit l'un d'entre eux, mais il restait calme, jamais frénétique, jamais excité." Tous le décrivent comme un professionnel aguerri qui aimait les gens.
Dans une interview déjà vieille de plus de dix ans, il ne disait pas autre chose : "J'ai horreur de la guerre mais sur ces terrains, je peux faire de vraies rencontres. Le plus souvent, les gens sont eux-mêmes, très sincères face à une caméra."
"Sur les terrains difficiles, il n'y a pas que de la tension, il faut aussi du courage pour aller chercher les images, se trouver au bon endroit, au bon moment, sans prendre trop de risques. Il y a aussi la chance qui intervient", poursuivait Gilles Jacquier.
"Une épreuve collective qui nous bouleverse"
Devant la rédaction de France 2, le PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, a déclaré "qu'un drame frappait au cœur les journalistes du service public".
Thierry Thuillier, le directeur de l'information de France Télévisions, a travaillé avec lui. Il a rendu hommage au journaliste, évoquant sa disparition comme "une épreuve collective qui nous bouleverse".
Gilles Jacquier était père de deux jumelles âgées d'un an.
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