Le reporter de France 2 Gilles Jacquier tué en Syrie
Il effectuait un reportage dans la ville de Homs quand l'immeuble dans lequel il s'était réfugié a été visé par des tirs de roquettes. Son caméraman Christophe Kenck a été légèrement blessé.
Le grand reporter de France 2 Gilles Jacquier a été tué mercredi 11 janvier au matin dans la ville de Homs (ouest), en Syrie. Six Syriens ont également trouvé la mort au même endroit, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plusieurs personnes ont été blessées, dont Christophe Kenck, son caméraman, un journaliste belge et un photographe néerlandais. La compagne de Gilles Jacquier se trouvait également sur les lieux mais n'a pas été touchée. FTVi revient sur les circonstances de ce drame.
• Que faisait Gilles Jacquier à Homs ?
Comme une quinzaine de journalistes, Gilles Jacquier était en mission à Homs avec l'accord des autorités. Il se trouvait dans ce haut lieu de la contestation au régime de Bachar Al-Assad, en compagnie de son caméraman Christophe Kenck. Ils préparaient un reportage pour l'émission "Envoyé spécial".
"Nous sommes arrivés à Homs encadrés par la sécurité et les représentants du gouvernorat, a raconté Joseph Eid, photographe de l’AFP présent dans le groupe de reporters. Tous les journalistes ont insisté pour que nous sortions pour voir la situation. Les autorités ont décidé de nous emmener à Hadara, un quartier alaouite."
• Comment les attaques se sont-elles produites ?
Gilles Jacquier et Christophe Kenck interviewaient des commerçants dans la rue quand une manifestation spontanée s'est déclenchée. "Un premier obus est tombé sur un immeuble, raconte Joseph Eid, de l’AFP. Des manifestants pro-Assad nous ont suivis quand nous sommes allés vers cet immeuble." Un reportage diffusé dans le 20 heures de France 2 donne des précisions sur les premières epxlosions.
• Quand Gilles Jacquier et Christophe Kenck se sont-ils séparés ?
Le journaliste et son caméraman se sont séparés dès les premiers tirs de roquettes. Gilles Jacquier s'est réfugié dans un immeuble, qui a alors été pris pour cible par un de ces tirs. Légèrement blessé, Christophe Kenck raconte par téléphone les faits à Franck Genauzeau, journaliste à France 2.
• Comment le journaliste a-t-il trouvé la mort ?
Jens Franssen, de la radio-télévision publique flamande belge VRT, s'est réfugié dans le même immeuble que Gilles Jacquier. "Au moment où j'y rentrais, une deuxième grenade a explosé juste devant. Il y a eu ensuite quelques explosions, trois ou quatre au total, je pense."
"C'était le chaos. Les gens criaient. Il y avait du sang sur le sol. Personne ne savait ce qui se passait. Je suis entré dans un appartement (...). Quelques minutes plus tard, nous sommes descendus. Dans la cage d'escalier, j'ai vu un collègue français de France 2 qui gisait sans vie", poursuit le journaliste belge.
• D’où provenaient les tirs ?
L'Observatoire syrien des droits de l'homme indique ignorer l'origine des tirs, alors que des militants sur place ont mis en cause les autorités. La télévision officielle syrienne a elle accusé "un groupe terroriste" d'avoir "tiré des obus sur des journalistes étrangers lors d'un rassemblement de citoyens souffrant du terrorisme".
• Une enquête à venir ?
Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, a demandé aux autorités syriennes que "toute la lumière soit faite sur les circonstances" de "cet acte odieux".
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé mercredi dans la soirée qu'une enquête soit rapidement menée pour élucider les circonstances de la mort du journaliste.
Soulignant que "Gilles Jacquier est le premier journaliste étranger tué en Syrie depuis le 15 mars [début de l'insurrection en Syrie]", Reporters sans frontières a également appelé à l'ouverture d'une enquête, "avec le concours des observateurs de la Ligue arabe".
Londres a condamné ce décès et Washington a "déploré" la mort du reporter français, dénonçant l'incapacité du régime à fournir "un environnement favorable" aux journalistes.
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